Sur Art Scène Radio, aujourd’hui nous avons l’honneur d’interviewer une figure emblématique de l’univers radiophonique : Albert Spano. Découvrons ensemble le parcours fascinant de cet animateur, ses expériences marquantes, et les secrets qui font de lui un acteur incontournable de la scène radiophonique
Art Scène Radio : Comment est né votre souhait de faire de la radio?
Albert Spano : Ce n’est pas un souhait, à l’origine il fallait faire quelque chose, je n’étais pas prédestiné à devenir animateur à la radio. Je n’aimais pas l’école, qui me le rendait bien, il fallait que j’intègre la vie active comme l’avait dit la conseillère d’orientation à mes parents, alors j’ai travaillé à droite à gauche, des boulots qui n’étaient pas petits mais qui m’empêchait de traîner et puis j’ai eu un accident de voiture, assez grave, avec pour conséquences l’impossibilité pour moi de rester debout, de rester assis, bref j’ai dû trouver l’équilibre. Mon corps a dû le trouver et ma vie professionnelle aussi. Après plusieurs années, à Menton ou j’habitais, j’apprends que la station de radio municipale cherche un animateur, bénévole, sans expérience. J’ai tenté ma chance, on m’a demandé un CV, et là j’ai joué ce cv a pile ou face: je l’ai enregistré, et la pièce est tombée du bon côté. J’ai eu de la chance car l’époque permettait ça, non pas que c’était plus facile, mais les radios FM arrivaient et il y avait une vraie demande. J’étais content car j’avais simplement trouvé une activité, c’était du bénévolat je le rappelle, mais de là, de maquette en maquette, j’ai pu trouver une autre radio qui m’a rémunéré et j’ai pu amorcer quelque chose. À l’origine donc c’est un travail mais au fil du temps c’est devenu un travail passionnant
Art Scène Radio : Finalement, l’animation Radio ça s’apprend?
Albert Spano : Ça s’apprend bien sûr, même si la spontanéité et la folie ont un rôle déterminant. J’ai donné des cours dans une école, on ne peut pas dire à un débutant : Vas-y assieds toi derrière ce micro, tu dis des bêtises et tu prends 50000 euros, parce que c’est faux. Il y a tout d’abord des règles. Des règles d’horloges, des règles d’antenne, des intros qu’il faut caler et d’autres qu’il ne faut pas toucher, un feeling à avoir, des codes à respecter, une personnalité à affirmer, un sourire à montrer ou pas, des auditeurs à accueillir, des cadeaux à offrir, des timings à respecter, il faut savoir préparer une émission et la casser au dernier moment si les circonstances l’exigent, préparer une interview, être dans l’air du temps, et tout ça sans perdre de vue que de l’autre côté se trouve la vraie vie, les vrais gens. Il faut savoir parler clairement et naturellement, plus les interventions sont courtes plus elles sont difficiles à faire et dans le même temps ce n’est pas parce qu’on parle indéfiniment durant de longues minutes sans respirer que le discours sera clair. Il faut savoir gérer le stress, la pression, les gens qui vont et viennent , savoir donner l’heure!! Oui c’est un métier, si on laisse dire que c’est à la portée de tout le monde on ouvre la porte aux imposteurs.
Art Scène Radio : Quelle est votre émission radio préférée et pourquoi?
Albert Spano : Je vais vous décevoir, je n’écoute que celle dans laquelle je suis. Les autres je les surveille
Art Scène Radio : Quel fut pour vous le rôle le plus gratifiant en tant qu’animateur radio?
Albert Spano : Ce qui est gratifiant c’est de sentir une confiance. Lorsqu’on vous confie une tranche importante sur une radio, quelle qu’elle soit, c’est gratifiant. Et plus la tranche est exposée, importante, plus on se sent gratifié. Après évidement il faut laisser ça de côté et travailler pour faire durer le plaisir. Je peux vous donner trois exemples concrets : Le premier est celui qui me permet de partir à Paris, ce sentiment d’intégrer une sorte de « cour des grands », animer sur une radio nationale, c’est extrêmement gratifiant, euphorisant, stressant aussi certes, mais pour moi ce fut comme la première étape d’une sorte de reconnaissance de la profession. Et le second, lorsqu’on m’a donné les clés de la Matinale. Quand on prend conscience que votre voix est la première que les gens entendront du lundi au vendredi c’est gratifiant, stressant car il y a un enjeu d’audience important , mais gratifiant. Et enfin lorsque les auditeurs m’écrivent, ou que parfois j’en rencontre certains. J’ai de la chance, les gens sont sympas avec moi, lorsqu’ils font des compliments qu’ils mettent le doigt sur des moments précis de l’émission, c’est très gratifiant
Quelle est la chose la plus inattendue qui vous soit arrivée en direct?
D’être toujours là…mais aussi les fous rires évidement. Marc Antoine Lebret et Pascal Atenza sont responsables de mes plus grosses rigolades
Quel profil d’animateur attend un Directeur d’antenne?
Un profil qui sache s’adapter. Les radios musicales sont faites pour divertir et je pense que l’on ne divertit pas si on ne se divertit pas soi même. Donc les animateurs doivent être souriants, heureux d’être sur la radio ou ils animent sans tricher, sans faire semblant. Savoir parler et s’adapter à 10h comme à 21h. Ne pas parler sur une intro juste pour le plaisir de la cadrer. Moi je pars du principe qu’une chanson est une œuvre et qu’on ne maltraite pas une œuvre…Parler sur une chanson, même sur l’intro, c’est marcher sur l’artiste, et j’ai horreur de ça, donc j’évite de le faire systématiquement.
Comment gérez-vous les moments difficiles ou les imprévus en direct?
L’émission est très très préparée. On fait un gros travail en amont, ce ne sont pas les surprises qu’il faut éviter, mais les mauvaises surprises, celle qui plombent, qui ralentissent le rythme et c’est pour ça que le travail de préparation est important. Ensuite il faut trouver l’équilibre entre l’écriture et le spontané. Maintenant lorsqu’il y a un problème technique (c’est rare mais ça arrive), et bien on improvise, avec Caro, on montre qu’on est là quand même, qu’on s’adapte aux circonstances. Ça fait partie du bagage de l’animateur: l’adaptation
Quels conseils donneriez-vous à quelqu’un qui souhaite devenir animateur radio?
Travailler et travailler encore. lire, regarder des séries, des films, s’intéresser à la politique, la société, savoir parler court en captivant, savoir parler long sans lasser, s’accrocher aussi car c’est un travail et même si c’est passionnant, je le disais tout à l’heure, ça reste quand même un travail, et il faut l’aborder en tant que tel.
Quelle est votre stratégie pour captiver l’auditoire dès le début de votre émission?
La sympathie, la gentillesse l’humour, la clarté, la complicité avec Caroline, savoir s’identifier à celles et ceux qui écoutent le matin. Les auditeurs/ trices se lèvent tôt, nous aussi. Ils/elles prennent leur douche, nous aussi. Ils/elles prennent un petit déjeuner, nous aussi. Les auditeurs et auditrices ne doivent ressentir aucune différence entre eux et nous.
Est-ce plus compliqué de faire de la radio Aujourd’hui?
Plus compliqué non, toutefois il est vrai que nous avons des contraintes liées à la publicité mais ça fait partie du programme. Quand j’entends des gens dire « houlala il y a beaucoup trop de pub » je bondis. Et quand j’entends « sur radio France il n’y pas de pub », c’est vrai mais il y a notre argent
Mais ce que les gens ignorent c’est que derrière il y a des gens qui travaillent, des salaires, des événements que nous proposons et que nous ne faisons pas payer.
J’attire aussi l’attention sur une ligne importante: la Radio est gratuite, la Plateforme est payante. Je sais que ma réponse est très éloignée de votre question hein…
Quel serait le titre de votre autobiographie radio, en trois mots maximum?
Encore un matin
Si vous pouviez échanger de voix avec un personnage célèbre pendant une émission, lequel choisiriez-vous?
La voix de : Michel Sardou lorsqu’il chante Le France.
Êtes-vous optimiste quant à l’avenir de la radio et tous les métiers liés à la voix?
L’IA va foutre le bazar, mais ne remplacera pas l’humain. Ça ne veut pas dire que l’IA ne lui prendra pas sa place. Elle occupera l’espace, le temps de parole, mais sans rien donner. Internet et les plateformes ont mis un sérieux coup aux audiences des radios, les jeunes sont moins à l’écoute et pourtant on est toujours là, on s’adapte, on travaille, on crée des événements, on propose des choses, on offre des lives, on emmène nos auditeurs assister à des émissions spéciales, bref, on fait tout, absolument tout pour que l’avenir de la radio ne soit pas artificiel