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“Voyage entre les cultures : La comédienne Gwenola de Luze raconte son parcours”

L’interview met en lumière le parcours de Gwenola de Luze , l’artiste a navigué entre le monde des arts et celui du spectacle. Elle évoque son expérience au Cours Florent, où elle a concilié ses études supérieures avec sa passion pour le théâtre, ainsi que son immersion dans la culture d’Istanbul dans les années 70, qui a façonné sa perception du monde et de la culture. Elle partage également l’impact de Rosine Margat et du Cours Simon sur son développement en tant que comédienne, ainsi que ses influences cinématographiques et ses rêves de collaboration. Enfin, elle aborde l’équilibre entre sa vie d’artiste et sa vie personnelle, ainsi que l’évolution du métier d’acteur à travers les années. Enfin, elle invite le public à découvrir la pièce “Le plus heureux des trois” au Théâtre Edgar, une adaptation hilarante d’une pièce de Labiche, promettant une expérience théâtrale pleine de finesse et de cocasserie

L’interview

Djazia Ahrénds-Benhabilés : Pouvez-vous nous en dire plus sur votre expérience au Cours Florent et comment cela a influencé votre décision de devenir comédienne ?

Gwenola de Luze : Tout naturellement j’ai mené en parallèle mes études supérieures (Ecole du Louvre jusqu’en Muséologie et Paris IV Sorbonne ) avec le Cours Florent qui était dans les années 80  dans l’Ile Saint Louis, Quai d’Anjou. J’allais avec ma mobylette Peugeot 103 vert pomme du Louvre au Pont-Marie! C’était tout droit. Nous répétions  nos textes sur les berges de Seine en contrebas du Cours Florent….Les bateaux- mouches premiers spectateurs… J’ai d’abord travaillé pour la RMN (Réunion des Musées Nationaux) rue de l’Abbaye à St Germain des Prés,pour préparer 2 ans en amont la création du Musée d’Orsay. Avec des visites à Gae Aulenti sur ses plans d’architecte, au dernier étage d’Orsay. Le transport des oeuvres du 19ème siècle du Louvre et d’autres musées en camion pour être installées dans cette ancienne gare d’Orsay transformée en musée du 19ème siècle… Quelle aventure. Je croisais dans les étages Anne Pingeot-la maman de Mazarine- qui était à la tête du Département « Sculptures » à l’époque. Le souvenir de l’inauguration du Musée avec Mitterrand…. Quelle chance si jeune d’avoir connu çà. Je travaillais aussi  en extra, pour un éditeur de livres d’art « HERVAS » . Quand j’ai dû choisir entre saisir des offres de job dans ce milieu des musées ou de l’édition,, j’ai voulu d’abord tenter ma chance pour une vie de comédienne et d’actrice  pour ne pas avoir à le  regretter plus tard! A la fin des années 80, on faisait des photos pour son « Book », l’agent artistique vous donnait des RV pour passer des castings pour la télévision, le cinéma, le théâtre.  En me jetant à l’eau avec passion, j’ai eu la chance aussi de commencer  à travailler tout de suite. C’est à dire quand je me suis sentie prête à me lancer dans cette aventure. A 18 ans j’étais encore une gamine et même à 23. Je n’étais pas prête pour affronter ou repérer les pièges. J’ai donc d’abord poursuivi mes études supérieures et ensuite, mes diplômes en poche et après une expérience de boulots « classiques”, j’ai choisi une vie assumée d’ »intermittente du spectacle »

Quels souvenirs particuliers gardez-vous de votre vie à Istanbul dans les années 70, et comment cela a-t-il façonné votre perception du monde et de la culture ?

Incontestablement ma vie pendant 4 ans avec ma famille à Istanbul-Constantinople  dans les années 70. La vie orientale au bord du Bosphore, les odeurs de la ville avec ses marchés aux épices et le bazar, les marchands de jus, de fruits et légumes dehors dans leurs chariots, les amies turques de ma classe qui m’emmenaient chez elle. D’ailleurs je suis toujours en contact avec 2 d’entre elles dont les mères ont été des artistes et m’ont inspirées. A 9 ans je suis allée au concert de Sukran Özer (qui vient de mourir) une grande chanteuse, et j’étais avec sa fille au premier rang, et ses admirateurs lui lançaient des fleurs sur scène pendant qu’elle chantait. J’étais fascinée et émue. Nous allions la retrouver ensuite dans sa loge où elle était très diva avec son imprésario et les personnes admises dans sa loge, et par contre  très  affectueuse avec les 2 petites filles  que nous étions…. Mon père dirigeait à l’époque IBM-Turquie et ma mère était mannequin (déjà à Paris dans les années 60) et je l’ai vu se préparer dans sa loge pour des défilés de haute couture. Je la voyais mettre ses faux-cils, se maquiller, se coiffer…J’étais là aussi fascinée et par les préparatifs et par ses défilés si élégants devant le public… Le YSL turc pour qui elle a défilé s’appelait Vural Gökcayli.  Beaucoup de fêtes étaient organisées avec leur  grande amie turque et miss Europe 1953, Günseli Basar, une déesse pour les turcs….c’était une vie joyeuse…  Puis nous sommes rentrés en France à Paris. Ce rêve éveillé oriental prenait fin. Adolescente je suis beaucoup allée au théâtre voir toutes sortes de pièces. Comédie, Tragédie…J’ai  même eu un abonnement à la Comédie Française (j’ai gardé de nombreux programmes qui étaient magnifiques)  et j’ai fait de la danse classique pendant ma scolarité salle Pleyel.

Comment Rosine Margat et le Cours Simon ont-ils contribué à votre développement en tant que comédienne ? Avez-vous des anecdotes ou des leçons précieuses à partager de cette période de votre vie ?

 J’ai poussé à 15 ans la porte du Cours Simon et j’ai eu comme professeure sa directrice Rosine Margat. C’était  des cours le mercredi après midis  quand je n’avais pas école. J’en garde un souvenir ému car nous étions nombreux collés les uns aux autres , dans une fièvre de la jeunesse et une envie de « passer sur scène » pour jouer devant ses petits camarades. Rosine Margat  était très attentive à ses élèves et au caractère de chacun-e. Elle nous donnait à travailler des scènes en fonction de nos personnalités et de ce que nous dégagions bien malgré nous sur scène; C’était passionnant. Elle m’a pris sous son aile. Les remarques pour avancer dans le travail étaient toujours justes et dites avec gentillesse. Elle nous aimait et était bienveillante. Quelle ambiance dans ses cours! J’ai poussé ensuite la porte du Cours Florent quai d’Anjou à l’âge de 18 ans. J’y ai gardé des amis comédiens pour la vie. Ceux qui sont toujours dans le métier et ceux qui n,’en sont pas loin. Francis Huster était la « star » du Cours Florent. Il était à la Comédie Française et tournait des films notamment une série  de Nina Companeez avec Fanny Ardant et Edwige Feuillère  « les dames de la côte ».  Il aimait transmettre  son métier. Il était un ami de François Florent qui avait créé le cours. Il était donc un des professeurs et ses classes « d’ensemble” étaient  bondées! Francis Huster avait 35 ans à l’époque et il parlait avec passion des textes, de son métier et…du foot! Nous nous retrouvions avec Isabelle Nanty, Isabelle Gélinas, Clotilde de Bayser, Eric Viellard, Eric Taraud, Philippe Loffredo, Vincent Lindon, Isabelle Habiague, Gabrielle Dutruc-Rosset, Maruschka Detmers, au café rue Saintt Louis en l’Ile  entre nous ou avec Francis Huster dans l’ambiance « le cercle des poètes disparus! » Mon professeur principal de théâtre pendant 2 ans a été Rémi Chenylle. Il a été un super prof. En ce début des années 80 on croisait dans les couloirs du cours l’ami de Francis Huster, Jacques Weber.   Thierry Mugler a passé  1 an au Cours Florent (1982-1983) car il aimait le spectacle (théâtre et cinéma)  et voulait être lui aussi sur les bancs du Cours Florent. Il a monté un spectacle « La Belle de Moscou » d’après le film… dont l’héroïne sur scène était Maruscka Detmers. Je faisais partie de sa distribution et je suis allée souvent chez lui, dans le 10ème arrdt. Quel homme charmant ! Il nous a invité par la suite à ses défilés de Couture avec Jerry Hall en vedette. Des shows « spectaculaires »!

Quelles sont vos principales influences cinématographiques? Avec qui rêvez vous de tourner un jour?

Je suis de la génération des « Bonne nuit les petits » avec Pimprenelle et Nicolas , de « Ma sorcière bien-aimée », de « Daktari » de « Flipper le dauphin », d’”Amicalement vôtre », de « Starsky et Hutch »…de « Maritie et Gilbert Carpentier » et ses shows chantés et dansés animés par Michel Drucker…Des films de comédie des années  60 et 70 avec Pierre Richard, Bernard Blier, Piéplu, Pierre Mondy, Jean Lefebvre, Bernard Ménez,  Louis de  Funès,  Michel Galabru, Christian Marin, Belmondo et Delon, Yves Montand, Michel Piccoli,  Daniel Ceccaldi, Guy Marchand, Poiret et Serraut ,  Guy Bedos et Victor Lanoux….Les films  de Fellini, de Bergman, de Jacques Rozier, de Cocteau, de Claude Sautet, de Rappeneau, de Zidi, de Gérard Oury. J’aime Le cinéma suisse d’Alain Tanner.
Je suis aussi de la génération qui voyait à la télé les films muets de Charlie Chaplin, de Laurel et Hardy, les comédies  américaines et les comédies musicales  des années 50…Bref j’ai rêvé, rit , pleuré devant tous ces films plein d’humour, de fantaisies, de poésie, et je fuis les films violents, agressifs, sans légèreté….J’aimerais tourner un jour une comédie avec  Christian Clavier,  Didier Bourdon, Valérie Lemercier, Benoit Poelvoorde, Eric Judor, Jamel Debbouze, Eric Ramzy.
Je vais rarement au cinéma . Je ne rêve pas spécialement de tourner avec tel ou telle cinéaste. Mon emploi du temps est déjà très chargé depuis 10 ans avec le théâtre à Paris ,les tournées en province et en Suisse, les lectures de pièces, les répétitions, les copains à aller voir dans leurs créations et ma vie familiale.

Comment avez-vous réussi à maintenir un équilibre entre votre vie d’artiste et votre vie privée ?

J’ai toujours été en rapport avec mon métier même quand j’ai eu mes enfants et qu’ils étaient petits. C’est à dire que je sortais 2 à 3 fois par semaine pour aller voir les amis jouer ou diner avec eux. Voir toute sorte de spectacles qui m’intéressaient. Je restais en contact avec mon métier. C’est  une” double vie » avec la vie dans la journée à assumer le quotidien et la vie le soir car les acteurs sont des oiseaux de nuit. Les nuits ont été courtes… Evidemment que ma vie d’actrice a été ralentie avec le fait de devenir maman, mais elle a été enrichie et nourrie par la vraie vie !

Comment percevez-vous l’évolution du spectacle vivant et du métier ?

J’ai toujours pensé à mon métier, au monde du spectacle, à la scène, dans ma vie de tous les jours. A mes débuts, j’avais mon « BOOK » sous le bras avec des photos professionnels et mon CV, dans des rendez-vous fixés par mon agent et je passais des auditions devant  la caméra devant des  « casting directors » . Les auditions de théâtre sur scène devant l’auteur-e de la pièce ou le metteur en scène. Le métier a  tellement changé d’après ce que j’entends de la jeune génération avec qui je joue actuellement au théâtre EDGAR. Il faut faire des « self tapes » et les envoyer par mail (sans direction d’acteurs donc) .Aujourd’hui on gère son image soi-même grâce à son Instagram ou son FB. Les réseaux sociaux nous  permettent d’être en relation  plus directe avec les le métier. Je m’informe de qui fait quoi et où à propos des choses qui m’intéressent. Mon approche est guidée par ma curiosité, l’envie de travailler en équipe, de rencontrer des gens qui partagent la même passion de l’art vivant

À quoi peut s’attendre votre public en venant voir la pièce  : LE PLUS HEUREUX DES TROIS, actuellement au Théâtre Edgar ?

Le public en venant voir notre spectacle de  Labiche , adapté par Luq Hamett, « Le plus heureux des trois »découvrira un texte de 1870, très fin et très drôle.  Labiche est un observateur incroyable de ses pairs. Il y a des dialogues surréalistes et des situations burlesques. Il confronte le monde bourgeois au monde paysan, les petits arrangements et le vernis de la société au bon sens paysan. Labiche a écrit un théâtre de « caractères «  oû le comédien/ la comédienne  est tellement bien servi-e . Les situations sont cocasses. Feydeau est un grand admirateur de Labiche. Labiche était la star du Vaudeville sous le Second Empire. C’est très plaisant de jouer  avec les mots et les expressions française de cette époque!

Crédit photos : Solveig Herrström de Luze

LE PLUS HEUREUX DES TROIS

Actuellement au Théâtre Edgar- Paris

LE RESUMÉ

Alphonse Marjavel est le plus heureux des hommes.
Pour la Saint Alphonse, sa femme Hermance, a invité tous ses amis : Jobelin l’amant de sa première femme, sa nièce Berthe et Ernest son amant. Arrivent de la Sarthe, Omer et Mariette, les nouveaux domestiques qui, par leur candeur et leur ignorance, vont faire imploser tous les arrangements et l’organisation de ce joli petit monde … Avec le concours d’un cerf de la forêt de Compiègne, de Cléo le poisson rouge et d’un hanneton tout droit venu de Pruillé le Chétif ! 

Info : 
Le plus heureux des trois est la première pièce de théâtre que Pierre Bellemare a joué au début des années 2000, en tournée dans toute la France avec comme partenaire Marion Game.

Auteur : Eugene Labiche et Edmond Gondinet
Artistes : Alexande Pesle, David Martin, Gwenola De Luze, Oliver Denizet, Rosalie Hamet, Solenn De Catuelan, Julien Giustiniani
Metteur en scène : Luq Hamett