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Parcours Artistique et Voyages au-delà des Frontières : À la Rencontre de Nassima Benchicou

Dès son arrivée en France à l’âge de neuf ans, Nassima BENCHICOU a été plongée dans un univers nouveau, portée par une passion naissante pour le Théâtre. Malgré les défis linguistiques rencontrés à ses débuts, elle a su trouver sa voie grâce à une maîtresse bienveillante et un premier spectacle scolaire qui a révélé son talent. Depuis, elle a embrassé une carrière riche et diversifiée, naviguant avec aisance entre théâtre, cinéma et télévision. À travers ses rôles variés, elle recherche avant tout la sincérité et la complexité des personnages, trouvant son épanouissement dans chaque nouvelle aventure artistique. De ses débuts prometteurs à son succès international, Nassima BENCHICOU continue de conquérir les cœurs du public, toujours avide de nouvelles expériences et de projets enrichissants

L’INTERVIEW

Djazia Ahrénds-Benhabilés: Vous avez débuté votre carrière artistique très jeune. Qu’est-ce qui vous a poussée à vous intéresser au théâtre dès votre enfance ?

Nassima Benchicou : J’avais neuf ans lorsque je suis arrivée en France. À l’époque, je ne parlais pas un mot de français, et même si la langue française n’était pas tout à fait étrangère pour moi puisque c’est une langue qui se pratique en Algérie, je ne la parlais pas. On a dû quitter l’Algérie dans l’urgence, mes deux parents journalistes devant fuir la menace terroriste, et j’ai passé mon premier été en France à apprendre à écrire, à conjuguer les verbes. Lorsque j’ai intégré une petite école primaire à Issy-les-Moulineaux en CM1, ça a été au début très difficile car je ne comprenais évidemment pas tout, beaucoup de choses m’échappaient et j’avais du mal à m’intégrer, entre autres à cause de la langue. Mais j’ai eu la chance d’avoir une maîtresse absolument formidable, d’une grande patience, qui comprenait très bien ma situation, et qui m’a donc beaucoup aidée et accompagnée. J’ai pu grâce à elle faire des progrès très rapidement et à la fin de l’année nous avons fait un petit spectacle de théâtre (activité que je découvrais complètement) et qui m’a tout de suite énormément plu ! Pouvoir, enfin, jouer avec mes camarades, devant un public (évidemment de parents déjà conquis) qui riait tout le temps et vous applaudissait ! Je crois que pour la première fois je me suis sentie vraiment bien, à ma place, depuis mon arrivée en France. J’étais validée. À la fin du CM2, et avant mon entrée au collège, ma maîtresse m’a envoyé une carte postale pour me souhaiter plein de bonnes choses pour la suite et à la fin de son mot elle a ajouté « PS : continue à faire du théâtre, tu as un petit quelque chose pour ça » C’est à ce moment-là que j’ai compris que je pouvais continuer à en faire, et cette envie de ne m’a jamais quittée

Vous avez travaillé avec différents metteurs en scène et réalisateurs. Quelles sont les qualités essentielles que vous recherchez chez un collaborateur ?

J’adore pouvoir entrer dans l’univers d’un artiste, que ce soit l’univers absurde de Patrick Haudecoeur ou l’univers apocalyptique de The Walking Dead. J’adore pouvoir changer de registre et me fondre dans l’imaginaire, le monde d’un.e metteur en scène. Mais c’est aussi essentiel pour moi de garder ma part de créativité, de sentir qu’on est complémentaires, qu’on crée ensemble. Qu’on s’inspire mutuellement, qu’on se fasse confiance.

Pouvez-vous nous parler de votre expérience sur la série américaine “The Walking Dead” ? Quelle a été la principale différence par rapport à vos autres projets?

Cette confiance, je l’ai précisément ressentie dans The Walking Dead. En effet, les Américains ont cette particularité qui est qu’une fois qu’ils vous ont choisi, ils n’ont plus rien à vous dire pour l’interprétation du rôle. Ça, c’est votre boulot. Au même titre qu’ils ne vont pas expliquer au cameraman comment cadrer. Et cette confiance immense qu’ils vous donnent en vous laissant faire m’a permis de prendre en charge l’entièreté de la responsabilité de la créativité, de ce personnage, tout en me fondant dans leur univers si particulier. Et puis, là on est dans une grosse production américaine et c’est donc par définition une expérience qui a été extraordinaire dans les moyens mis à disposition pour pouvoir créer ce décor, l’univers apocalyptique de zombies. Quand vous arrivez sur un décor aussi impressionnant, qui semble si réel, et que vous êtes entouré par une trentaine de zombies, qui semblent tout aussi réels, croyez-moi, vous n’avez pas d’autres choix que de vivre cette situation à fond !

Vous avez interprété des rôles variés, du théâtre au cinéma en passant par la télévision. Quel type de rôle préférez-vous jouer et pourquoi ?

Ce n’est pas tant un type de rôle que je vais préférer (même si j’aime beaucoup jouer les rôles de « méchante » qu’on m’a bizarrement souvent confiés…) Pour que je prenne vraiment du plaisir, ça ne peut pas se cantonner uniquement au rôle. C’est toute l’aventure qui est importante, le projet dans son entièreté, car c’est avant tout une aventure humaine, artistique aussi bien sûr, mais que ce soit au théâtre ou au cinéma, le plateau se partage avec tous les artistes et techniciens.
Mais si je devais donner une réponse, je dirais que j’aime les personnages complexes et par complexe j’entends « humains », c’est-à-dire difficilement catégorisables, étiquetables. Un jour quelqu’un m’a dit « il n’y a pas de méchant, il n’y a que des souffrants ».
C’est ce qui m’intéresse à chaque fois, dans les personnages « méchants » c’est leur part de souffrance, c’est l’origine du mal, qui fait qu’ils sont véritablement humains. Sinon ce n’est pas très intéressant…

“Silence, on tourne !” et “Piège pour Cendrillon” sont deux pièces de théâtre très différentes. Comment adaptez-vous votre approche en fonction du genre et du style de chaque pièce ?

J’ai l’impression que l’approche est la même parce que je fais ma part, c’est-à-dire que je vais m’intéresser au rôle et uniquement au rôle et à ce qu’elle va traverser pendant la pièce. Le reste, c’est l’écriture et encore une fois l’univers du metteur en scène qui vont le faire. Ce qui m’intéresse, ce sur quoi je me concentre le plus dans ma préparation, c’est toujours, toujours, toujours la sincérité, comprendre chaque situation que traverse le personnage, et son évolution. Le genre de la pièce ne m’appartient pas, ou vraiment très peu. Je peux évidemment un peu varier les codes de jeu en fonction du genre (comédie ou polar) mais vraiment ce que je veux c’est apprendre à connaître celle que je vais interpréter et l’aimer différemment pour aller la défendre chaque soir

Quels sont les défis que vous avez rencontrés en jouant dans des productions internationales comme “Emily in Paris” ou “Meurtres à Sandham” ?

Honnêtement, je n’en vois pas. Emily a été mon premier tournage avec des Américains, j’ai donc été d’abord très surprise par cette autonomie et cette quasi-absence de direction, mais on s’y fait très vite. Et je garde de Meurtres à Sandham le souvenir d’un tournage merveilleux dans les îles suédoises, où ma première surprise a été l’absence totale de hiérarchisation sur le plateau de tournage ! C’était incroyable et ça donnait une ambiance très friendly. À la fin d’une prise, il fallait que chacun dise « happy ! » (Le réalisateur, chef op, maquilleuse, etc…) pour pouvoir passer à la séquence suivante. La seule difficulté à laquelle je pense a été les nombreuses scènes de cascades, de bagarres, d’utilisation d’armes. J’ai dû apprendre à m’en servir sur place mais ça a été très ludique

Votre film “À mon âge, je me cache encore pour fumer” a été réalisé par Rayhana et produit par Costa-Gavras. Quelle a été votre expérience de travail avec ces deux figures majeures du cinéma ?

« À mon âge.. » a d’abord été une pièce, écrite par Rayhana, et c’est en assistant à l’une des représentations que Michelle et Costa Gavras ont eu l’idée du film. J’ai d’abord rencontré Rayhana, qui était à la recherche d’actrices parlant l’algérien, et c’est Michelle qui a eu l’idée de me donner le rôle de Zahia, la « méchante », la femme d’un terroriste. Avoir la confiance de ces grandes figures du cinéma a été pour moi une étape très importante dans ce début de carrière.
Ça a été ma première grande expérience de cinéma, marquante, un retour à mes origines, tourner en arabe, un film qui se passe à Alger, et qui plus est en interprétant le personnage d’un de ceux qui précisément nous ont fait quitter notre pays. C’est un tournage qui m’a beaucoup fait grandir, aussi bien professionnellement que personnellement (ce qui est souvent le cas dans ce métier, les deux se mélangeant constamment). La rencontre avec Hiam Abbas, qui a le rôle principal dans le film, a aussi été très marquante, c’est une immense actrice et une femme merveilleuse, elle m’a beaucoup appris, beaucoup apporté, et rien que de la voir travailler a été une véritable source d’inspiration.

Pouvez-vous nous parler de votre prochain film “Tu me ressembles” et du rôle que vous y interprétez ?

Il s’agit du premier long métrage de la réalisatrice égyptienne-américaine Dina Amer, qui s’est inspirée de l’histoire vraie d’Hasna Aït Boulahcen, accusée à tort d’avoir été la première femme kamikaze en France après les attentats du 13 novembre. Dans son film, Dina essaie de comprendre comment cette jeune femme a pu se retrouver mêlée aux attentats. J’y joue le rôle de Samia, la femme (qui a véritablement existé) qui a hébergé Hasna de nombreuses années avant sa radicalisation et qui a fini par alerter la police de la présence du terroriste responsable des attentats. C’était un tournage rude, éprouvant, avec des scènes de grande intensité émotionnelle, mais qui était passionnant

Vous êtes actuellement sur Scène pour « Freud et la Femme de chambre » avec François Berléand. À quoi peut s’attendre le public ?

A rire, j’espère ! Mais pas que. Il y a aussi des moments d’émotion, on sent la salle qui écoute, qui suit l’histoire avec attention, c’est très agréable. Freud est dans sa chambre d’hôtel, à Rome, il veut faire pour une fois dans sa vie une grasse matinée et évidemment il est réveillé par une femme de chambre, qui, on le découvrira plus tard, voulait absolument le voir (on comprendra pourquoi). C’est cette femme de chambre face à un neurologue, au psychanalyste Freud. C’est la science populaire face à la science de la psychanalyse. Elle ne sait évidement pas du tout ce que c’est que la psychanalyse, elle est persuadée que Freud est un hypnotiseur qui travaille dans un cirque, qu’il est une attraction de cirque. Mais cette jeune femme, avec son bon sens populaire, trouble Freud au point qu’il se révèle et se livre de façon inédite. Freud lui dit dans la pièce : « J’ai passé ma vie à essayer de comprendre l’être humain; avec vous la vie paraît si simple »

Comment s’est effectuée votre préparation pour ce rôle, et comment avez vous abordé cette nouvelle aventure avec Francois Berléand ?

François Berléand est un partenaire merveilleux, d’une bienveillance exceptionnelle, qui vous porte, qui veut vous faire briller, aussi parce qu’il a compris que c’était la seule façon pour que le spectacle brille aussi.
La pièce repose beaucoup sur notre duo et cette complicité qui s’est crée naturellement dès le début. On s’est fait confiance, on a eu envie de jouer ensemble et le tour était joué ! On nous dit beaucoup que le duo fonctionne à merveille et c’est un super compliment.
D’ailleurs Alain Sachs (metteur en scène) nous demande de nous réinventer tous les soirs, le public ne verra jamais la même représentation, rien n’est figé ! Et quand on est face à un partenaire comme François, on ne peut que s’amuser, inventer, avoir confiance

Quels sont vos défis futurs après la comédie, la mise en scène et l’animation TV ?

J’aimerais continuer à travailler à l’international, à tourner en langue étrangère, à m’inspirer des différentes façons de travailler, des autres cultures, c’est si enrichissant ! Tout en continuant évidement à travailler sur de passionnants projets en France !

Crédit photo portrait : @lisalesourd

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