Bienvenue à tous sur Art Scène Radio, où nous avons l’immense plaisir de recevoir aujourd’hui Yannis Baraban, un acteur émérite au parcours fascinant. Yannis a débuté sa carrière comme handballeur professionnel avant de se tourner vers le monde du théâtre, où il a su briller sur les planches avec des rôles mémorables. De sa nomination aux Molières à ses expériences sur grand écran, Yannis partage avec nous ses souvenirs, ses défis et ses projets futurs. Entrez dans l’univers captivant de cet artiste polyvalent alors qu’il nous dévoile les coulisses de sa vie professionnelle et artistique
INTERVIEW
Art Scène Radio : Yannis, Qu’est-ce qui vous a poussé à abandonner votre carrière de handballeur professionnel à l’âge de 15 ans?
Yannis Baraban: Bonjour Djazia. Une apophysite tibiale antérieure. Bon, ça fait peur dit comme ça mais ce n’est pas très grave. Ça arrive à l’adolescence. C’est une croissance trop rapide qui fragilise les os, dont le tibia. Ça crée des douleurs mais, heureusement, ça disparait à la fin de la croissance
Art Scène Radio : Pourquoi avez vous choisi le Théâtre ?
Yannis Baraban : J’étais un adolescent qui se cherchait beaucoup. La période handball finie, j’ai cherché de nouvelles aventures que j’ai réussi à trouver au Théâtre. Ça m’a permis de découvrir d’autres mondes, très éloignés du mien. Le monde du langage, le monde de la troupe, et le monde des applaudissements.
Art Scène Radio : Comment avez-vous préparé votre rôle dans “La Dame aux camélias” et quels souvenirs gardez-vous de cette expérience aux côtés d’Isabelle Adjani?
Yannis Baraban : J’en garde un souvenir extraordinaire. A tout point de vue. Tout était hors norme. J’avais fait l’école de la Rue Blanche et le Conservatoire, j’avais déjà joué des spectacles, mais c’était la première fois que je rencontrais des artistes que j’admirais en tant que spectateur. Jeune acteur, je réalisais un rêve, je passais de l’autre côté du miroir. Je découvrais un monde fascinant et étrange. Evidemment j’étais très impressionné par l’actrice exceptionnelle qu’est Isabelle Adjani, par son talent et son intelligence. Je jouais Armand Duval et Marguerite Gautier mourait chaque soir dans mes bras. C’était la dernière scène du spectacle. Nous l’avons joué 117 fois. Et 117 fois j’ai été bouleversé par l’intensité et la sincérité de son jeu. Isabelle se donnait totalement. Pas un soir en dessous. Et tous les soirs, pendant cette scène, je sortais de mon personnage et je redevenais un simple spectateur. Oui c’était fascinant
Quelle souvenir gardez-vous de votre nomination comme révélation aux Molières en 2002 dans “Bent”?
Yannis Baraban : J’ai été nommé et le spectacle à reçu le Molière du Spectacle Privé. J’en garde une fierté immense. « Bent » de Martin Sherman est une pièce sur la déportation des homosexuels par les Nazis dans les camps de concentration. C’est une pièce puissante mais très violente. On l’a crée au sortir de la Rue Blanche, mis en scène par Thierry Lavat. On était une petite bande de jeunes gens un peu fous de s’embarquer dans un projet aussi difficile. Mais grâce à l’amitié qui nous liait, et à Gerard Marot qui dirigeait le Théâtre de L’Oeuvre, on a réussi à toucher un vrai public avec ce spectacle exigeant. Quant à mon meilleur souvenir, c’est d’avoir été annoncé et accueilli sur scène en tant que nommé à la révélation par le président de la soirée, le grand Philippe Noiret. Grande fierté
Quels sont les aspects de votre métier d’acteur que vous trouvez les plus gratifiants et les plus difficiles aussi?
Yannis Baraban : Ce qu’il y a de plus gratifiant, je crois, c’est de sortir de scène et de rencontrer un spectateur que vous avez bouleversé et qui vous exprime son émotion. Et le plus difficile, pour moi, ça a été de trouver le plaisir sur scène. On a tendance à croire que jouer c’est de la joie, mais pas pour tout le monde hélas. Je souffrais beaucoup à jouer, tout m’angoissait : le regard des autres, les trous de texte, la peur de ne pas être à la hauteur. Mais ça va beaucoup mieux maintenant. Docteur, je crois être guéri !
Comment choisissez-vous vos projets, que ce soit au théâtre, à la télévision ou au cinéma? Avez vous déjà refusé un rôle ? Pour quelle raison ?
Yannis Baraban : Il faut que ça représente quelque chose de nouveau. Un challenge, une destination nouvelle. Que j’ai l’impression d’avoir quelque chose à découvrir, à apprendre. Si j’ai refusé des projets c’est que ce désir n’existait pas
Quel rôle avez-vous trouvé le plus difficile jusqu’à présent dans votre carrière?
Yannis Baraban : Max dans la pièce « Bent » dont je vous ai parlé. Émotionnellement c’était difficile. La violence du propos, chaque soir, on en sort pas tout à fait indemne.
Pouvez-vous partager avec nos lecteurs une anecdote mémorable ou une expérience amusante sur un tournage?
Yannis Baraban : J’ai tourné un film français en Bulgarie, « Vercingétorix » avec Christophe Lambert. J’ai 25 ans, c’est mon premier film, je joue un chef gaulois et évidemment je trouve ça complètement dingue. Grosse pression. Je suis à fond. Je me prépare comme un fou, j’apprends mon texte au cordeau (j’avais de longues tirades de discours), je prends des cours d’équitation, je me crève à la muscu, je me fais une vraie coiffure certifiée Gaulois (rasé sur le côté, nuque longue et en brosse au dessus avec des tresses), la totale! J’arrive donc à Sofia pour le début du tournage remonté à bloc, en mode « Vous allez voir ce que c’est qu’un putain d’acteur! » Et là on me donne un nouveau scénario…EN ANGLAIS!!!! Le film allait se tourner en Français ET en Anglais. Chaque scène dans les 2 langues. Et je suis très, très nul en Anglais. Le réalisateur avait simplement oublié de me le dire…
Bon, résultat, la production m’a fait travailler avec une coach, j’ai quand même pu faire les scènes mais mon accent n’a pas dû leur plaire parce que toutes mes scènes ont étés doublées en post-synchro. Humilité…:)
Avec quel comedien rêvez vous de jouer ?
Yannis Baraban : Daniel Auteuil
Vous êtes actuellement sur scène avec une magnifique pièce : « l’Invention de nos vies », une adaptation brillante signée : Johanna Boyé et Leslie Menahem. Parlez nous de votre rôle ? Qu’avez-vous en commun avec Rham Berg?
Yannis Baraban : Rham Berg est un émigré juif ashkénaze installé à New York. Il a fait fortune dans le monde de la presse. Il est le père veuf d’une fille unique qui s’appelle Judith et qu’il aime par dessus tout. Sa fille va se marier avec un personnage qu’il trouve douteux et dont il se méfie. Berg est un homme de pouvoir, un homme puissant, autoritaire, qui peut se montrer dangereux envers ceux qui s’opposent à lui. Mais il est aussi touchant quand il s’agit de sa fille et de la protection qu’il veut lui apporter. Ou quand il évoque sa famille disparue dans les camps. Ça c’est pour le rôle, et pour ce que j’ai en commun avec lui… franchement, pas grand chose je crois. Mis à part peut-être l’attention débordante portée à mon enfant. Oui ça peut-être.
Avez-vous le temps de travailler sur d’autres projets pour 2024 ?
Yannis Baraban : Je joue le spectacle « Au coeur des cendres » de Valérie Castel-Jordy sur Etty Hilesum et je travaille avec Judith D’Aleazzo sur la création de « Gari-Gary » spectacle sur Romain Gary.
Merci Djazia! A bientôt
Merci Yannis Baraban, rendez-vous pris sur scène ! Très bon anniversaire, à bientôt