Plongez dans l’univers dynamique du doublage, du théâtre et de la mise en scène en compagnie de Luq Hamett, une figure emblématique de l’industrie du spectacle. Luq Hamett a marqué de son empreinte le monde du doublage français, prêtant sa voix à des personnages emblématiques et façonnant l’expérience cinématographique de générations entières. En tant que directeur de théâtre passionné, il a su mettre en lumière des pièces de théâtre empreintes d’humour et de créativité, captivant ainsi un public toujours plus enthousiaste. Dans cette entrevue, Luq Hamett partage ses réflexions sur l’évolution de l’industrie du doublage, les défis rencontrés dans un monde en constante évolution, ainsi que ses moments les plus mémorables sur et hors scène.
L’INTERVIEW
Djazia Ahrénds Benhabilés: Quel a été votre projet de doublage le plus mémorable jusqu’à présent, et pourquoi ?
Luq Hamett : Certainement la voix de Mozart dans AMADEUS de Milos Forman que je dois à la volonté et la détermination d’une très grande dame du doublage Jacqueline Porel, qui m’a imposé sur ce rôle alors que je n’avais que 22 ans et n’avais fait en doublage cinéma que Ralph Maccio dans KARATE KID!
En tant que directeur de théâtre, quelles sont vos priorités lors de la sélection des pièces ? et quelles sont les pièces qui vous inspirent pour la mise en scène?
Je recois énormément de scripts et mon premier facteur de choix est de m’ assurer que ce que l’on me propose est une comédie. Depuis 50 ans, le café d’Edgar, le Théâtre d’Edgar devenus le Théâtre Edgar, est un temple de d’humour est du divertissement et j’ai gardé cette programmation qui correspond à ce que j’aime jouer, mettre en scène et voir quand je suis spectateur… Mais la comédie est un terme vaste et il y a beaucoup de formes d’humour, j’essaie donc de faire des choix en recherchant toujours l’originalité…
Je reste persuadé qu’aucune machine ne pourra retransmettre une vraie émotion…
Comment percevez-vous l’évolution du doublage en France depuis vos débuts jusqu’à aujourd’hui, et quels sont les défis que vous rencontrez en tant que professionnel dans ce domaine (avec l’arrivée de l’IA)?
Même si on me parle tous les jours de mes doublages, de mes voix, je ne suis plus actif dans le doublage depuis 27 ans. J’ai continué à doubler Michaël J fox (Retour vers le futur) et Jason Priestley (Berverly Hills) par fidélité mais depuis 97, je ne suis dans les studios que 3 à 5 fois dans l’année. Ma vie aujourd’hui c’est le théâtre à Paris et en tournée. Je reste très proche de mes amis comédiens de doublage, mais j’ai du recul… L’IA fait peur je les comprends, je viens moi même d’en être victime avec une vidéo parodique sur les réseaux sociaux où on détourne ma voix (Marty) ainsi que celle de Pierre Hatet (Doc) en utilisant une scène du film, parfaitement redoublée avec nos voix sans que j’en ai été informé… Et que dire de Pierre qui nous a quitté?! J’ai trouvé ça choquant d’autant que j’ai toujours accepté de me prêter à ce genre d’exercide. Depuis 35 ans je réponds présent quand on m’appelle pour un détournement… Je pense à ce que j’ai fait il y a quelques années pour La Bajon et pour Le Palma Show par exemple… Il faut absolument une législation qui protége efficacement les interprètes. Maintenant, je reste persuadé qu’aucune machine ne pourra retransmettre une vraie émotion…
Parmi toutes les pièces que vous avez mises en scène, laquelle a été la plus gratifiante pour vous en termes de créativité et de réception du public ?
Deux spectacles trés différents qui montrent d’ailleurs la diversité de l’humour au théâtre EDGAR: Le schmilblick, une pièce écrite par Jacques Pessis à partir des textes de Pierre Dac, le maître de l’absurde, magistralement interprétée par Patrick Préjean et Jérémy Prévost, et une adaptation déjantée de ma femme Emmanuelle, d’une pièce très peu connue de Feydeau LE MARIAGE DE BARILLON devenue CIEL MA BELLE MERE! que nous avons joué plus de 300 fois à Paris et en tournée avec 8 comédiens formidables qui formaient une vraie troupe de saltimbanques. J”y jouais un rôle, celui de l’employé de mairie aviné, et nous avons vécu des moments de rires incroyables…
Est ce compliqué d’être metteur en scène et comédien dans la même pièce?
Oui et non. Je crois avoir, au fil des années, trouvé de la méthode dans ce domaine. Je suis toujours à l’écoute de mes partenaires pendant les répétitions, on travaille ensemble et au final je tranche pour ce que je trouve le plus efficace et le plus drôle. Je me sers aussi de la video qui permet quand on est sur scène, de garder une vue d’ensemble sur la pièce
Quand on y repense aujourd’hui, on se dit que ce jour-là fût un jour surréaliste….
Pouvez-vous nous parler d’un moment particulièrement mémorable ou d’une anecdote intéressante survenue lors d’une de vos productions théâtrales ?
Le 14 mars 2020 était un samedi où nous jouions deux fois CIEL MA BELLE MERE au théâtre EDGAR à 17H et à 21H. Toute la troupe avait l’habitude entre les deux représentations d’aller boire un verre ensemble … C’est là que nous avons appris devant la télé allumée du bar, que les salles de spectacle devaient toutes fermer le soir même à minuit… On ne savait pas quand on se reverrait ni quand on retrouverait le public. Quand on y repense aujourd’hui, on se dit que ce jour-là fût un jour surréaliste….
Avec quel comédien (ienne) souhaiteriez-vous ou auriez-vous souhaité jouer ?
Sans hésiter Louis DE FUNES, mon idole. J’ai eu la chance de produire et mettre en scène Claude Gensac, sa femme au cinéma, dans LA PERRUCHE ET LE POULET de Robert Thomas et nous avons passé des heures avec Claude à parler de lui, de son exigence, de ses angoisses, de sa précision, et elle m’a dévoilé plusieurs secrets de tournage que je garde précieusement
Parlez-nous de la pièce : « Le plus heureux des trois » d’Eugène Labiche, actuellement au Théâtre Edgar
J’avais adapté et mis en scène cette excellente pièce de LABICHE en 2004 pour les débuts au théâtre de Pierre BELLEMARE et de ma regrettée Marion Game et je jouais le paysan Sarthois qui découvre les mœurs bourgeois et la vie Parisienne… Nous avions fait une tournée mémorable de plus de 130 dates et nous avions fini avec Pierre, chez Michel Drucker… Voyant le succès des vaudevilles au théâtre EDGAR,( Ciel ma belle-mère, Qui va à la chasse perd sa place…) j’ai décidé de la remonter avec une bande d’acteurs fidèles qui reprennent le flambeau avec fougue et bonheur! David Martin reprend le rôle de Pierre et sera chez Drucker le dimanche 18 mars… ;))!