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“Franck Le Hen : De l’enfance bordelaise aux feux de la rampe, une vie sur les planches”

 

Franck Le Hen a été influencé par sa mère, une lectrice passionnée, et son implication dans une troupe de théâtre amateur dans sa jeunesse. Les stages avec Georges Bigot et Pierre Debauche ont marqué sa formation théâtrale. “Les homos préfèrent les blondes” a contribué à forger son image de comédien et auteur de comédies. “Bonjour ivresse !” a été un défi stimulant, prouvant sa capacité à écrire des comédies populaires. “Revenir un jour” a été une leçon, marquée par des versions contrastées et des malentendus sur son contenu. L’agression a motivé une pause en tant que comédien en 2018, privilégiant l’écriture. Ses expériences dans le court-métrage “Has Been” et la série “S.T.A.R.S.” ont été enrichissantes. “Derniers baisers” et “La Petite Débrouille” ont exploré des thèmes profonds et émotionnels. Franck reste confiant en l’avenir, prônant la confiance en soi et l’instinct. Il rêve de partager la scène avec divers artistes et promet une belle aventure avec sa pièce actuelle “La Petite Débrouille” et son prochain projet “Jean Claude et Joséphine.”

Crédit photo : Sandra Sanji
Quelles ont été les influences majeures de votre enfance et adolescence dans la région bordelaise sur votre parcours artistique?

La première influence a été ma mère qui est une grande lectrice et qui m’abonnait à plein de magazines, qui m’achetait beaucoup de livres, ce qui fait que j’ai toujours été en contact avec la littérature et l’écriture, (j’écris mon journal intime depuis l’âge de 10 ans). Ensuite dans mon village il y avait une troupe amateur de théâtre que j’ai fini par intégrer, ça été le premier pas concret vers la scène, moi qui était un adolescent rêveur caché dans sa chambre. Puis il y a eu la Fac arts du spectacle, puis la Licence de théâtre…

Pouvez-vous partager une expérience significative de votre formation théâtrale avec des mentors tels que Georges Bigot et Pierre Debauche?
Les stages avec George Bigot ont été très formateurs, on était terrifié avant chaque stage. Je me souviens qu’il a passé toute une séance à travailler uniquement sur moi autour de Shakespeare et le masque, j’ai senti une métamorphose ce jour-là. Quant à Pierre Debauche je n’ai pas eu beaucoup de cours avec lui, je me rappelle surtout du 1er ou il nous a demandé de nous mettre à côté d’une chaise et de devenir la chaise, voilà….2 salles 2 ambiances…;)
Comment la pièce “Les homos préfèrent les blondes,” coécrite par vous-même et Eleni Laiou, a-t-elle influencé votre notoriété en 2007?
Cela a surtout influencé le fait de me donner une image de comédien et d’auteur de comédies alors que je jouais en parallèle un tueur dans la pièce “Je serai toujours là pour te tuer” de Sophie Tonneau. Avec “La p’tite débrouille” je rétablis un peu les choses;)

En tant qu’Auteur,
acteur et co-metteur en scène de “Bonjour ivresse !“, quel fut le défi le plus stimulant dans la création et le succès continu de cette pièce?
Le défi était déjà de (me) prouver que je pouvais écrire seul et aussi celui de proposer une comédie populaire (non communautaire) avec un homo comme personnage principal. Cette pièce est passée par tellement d’étapes et de théâtres, a été joué par tellement de gens (plus de 40 comédiens), elle se joue encore d’ailleurs; je ne sais plus quoi en dire et en penser, c’est ma pièce mais c’est surtout celle du public. Je la jouerai peut-être toute ma vie, qui sait…
Quelle a été votre motivation derrière la création de “Revenir un jour,” et comment le public a-t-il réagi à cette production aux multiples versions?
Ma première motivation, était d’abord d’écrire un rôle à Frank Delay, dans lequel on ne pourrait pas dire qu’il n’est pas crédible, et de montrer les coulisses d’un phénomène et ses conséquences. Sauf qu’à l’époque Frank n’était pas prêt à aborder ce sujet, il ne voulait plus être associé à l’image des boys band, (il a changé d’avis depuis je crois;) et la mort de Filip était encore très récente….il n’a donc pas voulu jouer dans cette pièce, mais il m’a soutenu pendant tout le montage. J’aime beaucoup la première version de cette pièce avec (notamment) Edouard Collin et Rodolphe Sand, et c’est dommage, car il y a eu confusion sur ce spectacle. En effet, la plupart des gens, pensaient que c’était une grosse comédie pour les fans de Boys band, alors que c’était beaucoup plus dark et plus profond que ça. Quant à la 2eme version, c’était un ratage complet du à mon manque de confiance : j’ai laissé d’autres gens gérer le projet, il n’y avait plus du tout l’essence ni du message, ni de l’histoire de base. Même si j’ai apprécié rencontrer certaines personnes (et il y a eu de très bons moments sur scène) ça a été une grande leçon pour la suite.
« Bonjour Ivresse » a été joué plus de 2000 fois, Revenir un jour n’a même pas atteint les 100 représentations mais c’est la pièce dont on me parle le plus avec « Bonjour ivresse »
La comédie “La famille est dans le pré!” que vous avez écrite et jouée en 2014 a-t-elle été inspirée de certaines expériences personnelles? 
Oui et non. J’avais envie d’aborder le coming out public : un Artiste qui s’assume homo dans la vie, mais qui le cache à son public (féminin). Et après 2 pièces qui se passaient dans des appartements parisiens, j’avais envie de nature, de répéter dans un décor de campagne:), c’est ma pièce “Rat des villes et rat des champs” l’opposition ville /campagne, people et gens simples etc…
Pour moi la pièce a été montée à l’envers, on a commencé par une tournée dans de grosses salles, et puis elle a été programmée sur Paris dans une salle de 120 places, ça aurait dû être le contraire, encore une leçon…
En 2018, vous avez pris une pause en tant que comédien pour vous consacrer à l’écriture. Qu’est-ce qui a motivé ce changement de focus?
Une agression. Plusieurs même. De la même personne. Envers moi mais surtout envers une personne très chère à mon cœur. Et ça, ça ne passe pas.
Cette “agresseuse” a été condamnée depuis, mais ça a été un choc. Je suis venu à Paris pour réaliser mes rêves, pas pour faire parti d’un fait divers.
Il y a beaucoup de gens malades dans ce métier, des gens qui ont de vrais problèmes psychologiques graves…et on vit et on travaille au milieu de ces personnes…et on les fait bosser surtout :)
Bref, j’ai même eu envie de déménager à l’époque, pas d’arrêter car je ne le pourrai jamais, mais c’est vrai que ça a été une bascule, je ne choisis plus les personnes avec qui je travaille de la même façon désormais
Pouvez-vous nous parler de votre expérience dans le court-métrage “Has Been” de Lorene Cadeau et du rôle de Patrice Donovan dans le pilote de la série “S.T.A.R.S.” de Marc Boubli?

Pour “Has been” c’est juste une participation, c’était marrant de jouer l’agent opportuniste de Frank Delay (j’ai le souvenir d’être très orange à l’image:), quant à STARS (ou au contraire je joue un people has been) c’est jamais sorti je crois, mais c’était très sympa!

Comment avez-vous abordé la création de “Derniers baisers” en 2019, et quelles étaient les émotions que vous souhaitiez transmettre au public?

Anthony Dupray voulait monter sur scène à l’époque et pensait à un seul en scène dans lequel il évoquerait son parcours et ce qu’il est devenu etc…Je l’ai convaincu d’écrire une pièce  (peut être que je n’aurais pas du :). Comme “Revenir un jour”, cette pièce a été mal “identifiée”; elle est beaucoup plus profonde et cynique qu’elle n’y paraît. Beaucoup de thèmes y étaient abordés dont le handicap, le rapport fans/artistes, les dégâts d’un succès…Je trouvais le quatuor de comédiens parfait, c’est une pièce qui aurait pu cartonner en tournée ou dans les réunions et conventions nostalgiques. Un vrai OTNI (objet théâtral non identifié), le peu de gens qui l’ont vu, l’ont adorés!

Franck, combien de temps mettez-vous pour apprendre votre texte par cœur en général?
Je n’ai pas de timing précis, j’apprends souvent au fur et à mesure des répétitions
Après plus de 12 ans sur scène, quelles leçons avez-vous tirées de votre carrière et comment envisagez-vous l’avenir de vos projets artistiques?
Ne jamais se détourner de ses rêves. On est jamais mieux servi que par soi même. Pour l’avenir : faire confiance à mon instinct
Avec quel artiste rêvez-vousde monter sur scène ?

Il y en a tellement. L’envie serait surtout de mélanger des univers, il y beaucoup de familles dans ce métier, j’aime beaucoup l’univers de Patrick Haudecoeur par exemple ou les pièces de Mélodie Mourey. Ah oui, Michel Fau!

Parlez nous de votre pièce : « La Petite Débrouille », actuellement aux Enfants Du Paradis, comment est-elle née? Que promettez vous à votre public?
C’est une pièce que j’ai commencé à écrire juste après les attentats du 13 novembre 2015. Je me suis posé beaucoup de questions sur la place des Artistes dans un conflit mondial, je ne savais plus si je devais continuer à jouer, à rire …En faisant des recherches j’ai découvert les Zazous et ça m’a rassuré, je me suis identifié. Comme je n’avais pas assez de recul pour parler des événements de 2015 j’ai décidé de transposer mon récit en 1942.
De plus, je souhaitais écrire autour du handicap donc j’ai fait des recherches sur le sort des handicapés pendant la guerre et ces recherches m’ont amenés à écrire cette pièce. J’avais envie de parler de 3 minorités, celles que l’on ne voit pas beaucoup dans les livres d’histoires, mais qui ont aussi vécu la guerre. C’est une belle aventure, que nous vivons avec Coralie Baroux (la metteuse en scène) Mélanie Kah, Matthieu Nina et Coline D’Incà (qui vient de rejoindre l’équipe). La pièce a été programmée au Théâtre Le Lucernaire, le texte a été éditée en livre , on a déjà dépassé les 120 représentations et une tournée se prépare. Cette pièce est une comédie pleine d’émotions, je suis heureux de voir les gens touchés par ces personnages. Elle a mis du temps à se monter comme je le voulais mais ça valait le coup d’attendre!!
J’ai hâte aussi de faire découvrir au public “Jean Claude et Joséphine” de et avec moi et Clair Jaz (mise en scène Coralie Baroux) à partir du 8 mars au Théâtre Molière à Bordeaux!

Crédit photo : Sandra Sanji
Crédit photo portrait : d’Ingrid Mareski