Skip to content Skip to sidebar Skip to footer

Corinne Touzet : Une Femme d’honneur, de talent et de cœur

Découvrez l’univers  de Corinne Touzet à travers cette entrevue exclusive. Au fil des questions, plongez dans le parcours artistique riche et diversifié de cette talentueuse Artiste, productrice et femme engagée. De ses premières émotions sous le chapiteau du cirque aux moments mémorables de sa carrière, Corinne partage ses expériences avec une sincérité touchante. Explorez également ses engagements pour des causes qui lui tiennent à cœur, tels que le bien-être des animaux et le soutien à des associations humanitaires. Laissez-vous guider par ses conseils avisés pour les aspirants du monde du spectacle, et plongez dans l’univers fascinant d’une artiste de cœur et de talent.

L’INTERVIEW

Art Scène Radio : Quel a été votre premier contact avec le monde du cirque, et comment cela a-t-il influencé votre parcours artistique ?

Corinne Touzet : J’ai découvert le cirque tout d’abord petite. J’ai toujours rêvé en y allant, ri et pleuré avec les clowns, comme si je partais en voyage. Puis, j’ai eu des coups de foudre qui ont précisé mon attirance, ma curiosité. Les films de Fellini étaient toujours démesurés et pleins de personnages oniriques, de femmes étranges, de mimes, de clowns. “La Dolce Vita” est et restera pour moi un choc énorme, et les clowns italiens “Les Colombaioni”, que j’admirais tellement, et que j’ai fini par rencontrer. Finalement, adolescente, j’ai rencontré un clown : Yves Quinio à Aix-en-Provence, qui a ouvert une école dont j’ai fait partie durant deux ans.

Art Scène Radio : Beaucoup d’artistes évoquent cette « rencontre » bouleversante qui a changé leur vie professionnelle, qu’elle a été la vôtre ?

Corinne Touzet : Je n’ai pas eu « une » rencontre précisément avec quelqu’un, mais avec le théâtre, la scène, et les textes au lycée tout d’abord et en Fac de Lettres ensuite. Le Relais Culturel d’Aix-en-Provence était un lieu extraordinaire plein de surprises, de saltimbanques, d’artistes de rue, de musiciens. Il y avait des festivals de rue auxquels je participais, j’ai démarré comme ça. C’est là que j’ai également rencontré Jérôme Savary. J’ai démarré très jeune à 17 ans, totalement novice avec Pierre Voltz, Alain Simon. C’était le seul endroit où je me sentais heureuse, où j’étais en paix, comme une évidence.

Art Scène Radio : Comment avez-vous concilié votre passion pour le cirque avec votre carrière d’actrice et de productrice ?

Corinne Touzet : Rires… Ce n’est pas facile, car je suis quelqu’un qui rit beaucoup, j’aime plaisanter, détourner les conversations. Mais lorsque j’ai commencé à avoir de grosses responsabilités, il a fallu que je me contraigne et que je compose (sourire).  Il est vrai que j’ai énormément appris en produisant. Être de l’autre côté vous fait relativiser beaucoup de choses. Ensuite, il a fallu que j’organise ma vie entre Paris et la province où je vivais, et je passais ma vie dans les gares et les aéroports. J’étais épuisée souvent. Maintenant, je vis à Paris, tout est plus simple. Le cirque est devenu un plaisir secret que je vais voir tout le temps, partout, dans tous les pays où je voyage, et je voyage beaucoup. J’étais d’ailleurs la semaine dernière voir la dernière création du Cirque du Soleil. C’est incroyable, ce spectacle est magique, je vais y retourner à nouveau. Je les avais vu à Montréal également. J’ai l’impression d’être toute petite, pleine de rêves. J’ai les yeux écarquillés, j’ai peur pour les équilibristes, les trapézistes. Je crois à tout ce qu’on me raconte. Peu de gens du métier me connaissent sous ce jour-là, sauf  mes amis proches. Virginie Lemoine, metteur en scène de mon dernier spectacle « Europeana », créé au Festival d’Avignon cet été, m’a fait le plus beau des compliments. Comme tout le monde croit que je suis très sérieuse parce que j’ai eu des rôles à grosse responsabilité pendant trente ans, dont cinq séries différentes, lorsqu’elle m’a dit “tu es très drôle et tu l’ignores, fais-toi confiance”. Venant d’elle qui est si drôle, ça faisait du bien. J’ai adoré cette rencontre, et nous cherchons toutes les deux un projet pour les années à venir.

Crédit Photo : Philippe Warrin
Art Scène Radio : Quels ont été les défis et les satisfactions de jouer le rôle d’Isabelle Florent dans la série “Une femme d’honneur” pendant plus d’une décennie ?

Corinne Touzet : Il y en a tellement. Tout d’abord, le plaisir immense d’avoir touché un public aussi large. Dès l’épisode Pilote en 1995 qui a réuni 12 millions de téléspectateurs. Comment imaginer cela ? Personne ne pouvait prédire ce succès. C’était une révolution dans nos vies à tous. Ensuite, il fallait être très sérieux, et j’ai appris beaucoup au contact de nos amis gendarmes, qui étaient de vrais militaires et non des figurants. Et bien sûr, c’était formidable de se retrouver toutes ces années avec tous les copains, les équipes, sur les routes de France. On a beaucoup bougé entre l’Yonne, le Vaucluse et les Alpes-Maritimes, où j’avais déménagé. Cela a représenté beaucoup de travail et beaucoup d’énergie. On a fait du bon travail.

Comment choisissez-vous les causes auxquelles vous vous engagez, et pourquoi l’association « Stéphane Lamart » vous tient-elle particulièrement à cœur ?

Tout ce qui touche aux animaux fait partie intégrante de ma vie. Leur bonheur, leur souffrance, la façon dont on les traite, maltraite, vend, vole  les animaux;  je suis écoeurée, révoltée par la bêtise et la violence humaine. Stéphane Lamart et ses équipes les recueillent, les soignent, poursuivent au pénal les maltraitants même si cela prend parfois des années, il ne lâche pas, il va jusqu’au bout. Bien sûr, il n’est pas le seul, je soutiens aussi régulièrement la SPA ou la fondation Assistance aux Animaux. Les refuges débordent de partout et ont besoin de nous, de vous. Les refuges sont pleins et ils manquent des moyens, des infrastructures. Il y a parfois quatre à six chiens par box, ce n’était pas le cas il y a dix ans. Après le Covid, les gens ont abandonné des milliers d’animaux qu’ils avaient pris pour passer le temps et s’en sont débarrassés, comme des jouets avec lesquels on ne joue plus, de façon très égoïste. Et après, que fait-on ? Comment tous les soigner, les nourrir… Tout cela m’écœure et me révolte. Il faut aider tous ces refuges chaque année, ce sont des dons tellement nécessaires pour les soins vétérinaires, les opérations de stérilisation, la nourriture, etc…

Liens vers les associations : =>https://www.associationstephanelamart.com/

=>https://www.fondationassistanceauxanimaux.org/index

Crédit Photo : Ch. Lartige
Corinne Touzet, avez-vous déjà refusé un rôle? Pour quelles raisons?

Plein de rôles… rires… Ce serait trop long de tout expliquer, mais parfois cela dépend du personnage que l’on peut avoir l’impression d’avoir déjà joué. Mais aussi de certaines scènes, il fut un temps où il fallait que l’on se déshabille sans raison (morte de rire)…Quand c’est utile, il n’y a rien à dire, à part demander la façon dont cela va être filmer. Il faut ensuite avoir une confiance aveugle envers le metteur en scène. Mais sinon, quelquefois, on se dit que ce n’est pas le moment, ou trop tard ou trop tôt. J’accepte les projets qui me séduisent par leur écriture, me surprennent, me questionnent, ou m’emmènent là où je ne suis jamais allée. Mais aussi les rencontres, notre métier n’est construit que de rencontres, et quelquefois, comme en amour, elles sont ratées, et quelquefois on a très envie de recommencer (sourire). La rencontre avec le metteur en scène est capitale pour moi.

Voudriez-vous nous évoquer votre expérience en tant que marraine de Mécénat Chirurgie Cardiaque Enfants du Monde?

C’est une œuvre plus qu’une association, ce qu’a construit Francine Leca, première femme chirurgien cardiaque française, est digne du plus grand respect, ayant opéré plus de 4000 enfants gratuitement à Necker, sachant qu’une opération coûte en moyenne 12000 euros. Imaginez depuis 1996… il faut en lever des fonds. Les familles d’accueil ont un rôle essentiel dans ce travail car elles hébergent ces petits bouts de chou chez elles pendant plusieurs semaines. Certains bien sûr ne parlent pas le français… c’est une tâche incroyable que tous ces bénévoles entreprennent et j’ai beaucoup d’admiration pour eux. Faire un don à cette association est un geste important. Je profite de votre interview pour mettre ici le lien vers le site, vous verrez tout ce qu’ils ont accompli.

Lien vers le site Internet :

https://mecenat-cardiaque.org/notre-mission/]

Quel conseil donneriez-vous à ceux qui aspirent à une carrière dans l’industrie du spectacle, en tant qu’acteur?

TRAVAILLER, TRAVAILLER, TRAVAILLER. C’est mon moteur. Le travail amène le travail. Commencer n’importe où, n’importe quoi, une rencontre en amènera une autre et une autre. Sans cesse recommencer, refaire, réessayer, se tromper, tomber, pas grave, on y retourne. Plus on aura appris avant de réussir, plus on sera fort après. Et si l’on ne réussit pas, ce n’est pas grave, ce n’est pas ça le but. Le but, c’est de toujours apprendre et de s’enrichir professionnellement. Il faut croire en ses rêves, tous les jours sans faille, même quand les portes sont fermées, particulièrement en France, où tout est si cloisonné, c’est si difficile, mais il faut foncer dans le tas et tout essayer, même les tous petits jobs vous amènent de nouvelles rencontres, notre métier n’est fait que de rencontres.

Pouvez-vous partager un moment mémorable de tournage ?

J’en ai tellement, je ne sais pas :)… au hasard, le jour où nous tournions dans les Hautes Alpes un téléfilm que je produisais pour France 3, “Un Crime Oublié”. Un matin vers 5h30, on découvre qu’il était tombé un mètre de neige pendant la nuit et que:  1) Il fallait dégager la porte de l’hôtel car nous étions enfermés, plus l’allée pour accéder aux véhicules. Cela a pris une heure et : 2) Que toutes les routes devaient être déneigées pour que nous puissions accéder au décor. On s’est retrouvés dans les voitures à jouer aux cartes et se raconter des histoires en buvant du thé bouillant. Il faisait – 20, vraiment – 20 !!  Mais ça reste un chouette moment ( Éclat de rires).

Credit Photo : Fabienne Rappeneau
Comment avez-vous travaillé votre rôle (magnifique) dans «JUSTE UNE EMBELLIE» au Théâtre avec l’excellente comédienne : Raphaëline Goupilleau ?

C’était ma troisième collaboration avec Christophe Lidon, et je lui fais entièrement confiance. Il dirige d’une main de fer et a toujours su tirer le meilleur de moi, ce n’est pas le cas de tous les metteurs en scène. Un acteur doit comprendre ce qu’il joue, c’est une évidence bien sûr, mais pas pour tous. Beaucoup essaient de nous imposer des choses, mais si on ne les sent pas, on souffre, on essaie toujours, c’est notre travail, mais quelquefois on n’y arrive pas. Ce n’était pas évident de jouer Frances, tout le monde pensait que je choisirais Madeleine, parce qu’elle était libre, indépendante, déterminée même Christophe, mais j’ai préféré Frances. Femme au foyer, trompée par son mari, romancière, qui traverse l’Atlantique pour rencontrer Madeleine, sa rivale, sur l’île de White. Elle, qui va s’avérer être très courageuse et déterminée face à celle que son mari admirait tellement. Rencontrer l’autre, celui ou celle que l’on a tant imaginé, cela est, je pense pour beaucoup de femmes et d’hommes, une grande peur, autant qu’un souhait, une obsession. Se retrouver face à face pendant deux jours, dont une nuit entière, le tout, écrit par un Britannique pur souche, Sir David Hare, magnifique auteur, ce fut jubilatoire. Retrouver ma Raphaëline, fut un super moment, nous étions très heureuses au Lucernaire et en tournée, Quelle belle année.

Comment parvenez-vous à maintenir l’équilibre entre votre vie professionnelle et votre vie personnelle, en tant que maman notamment ?

Ma fille est grande, adulte maintenant et totalement autonome. La question ne se pose plus. Mais il est vrai que j’ai jonglé pendant 30 ans… Grosse organisation (sourire). Pour le reste, vous l’aurez remarqué, je suis très discrète, donc c’est plus simple.

Si vous deviez choisir un jour, ce serait cinéma ou théâtre ?

Je ne peux pas choisir. J’aime les deux totalement, ce sont deux métiers totalement différents, ce que les gens ont du mal à imaginer mais c’est vrai. Et j’aime profondément les plateaux, mais aussi profondément être dans les coulisses d’un Théâtre. C’est assez magique. Je n’ai pas de préférences du moment que je travaille avec des gens que j’aime et que l’on fait du bon travail.

Quel conseil donneriez-vous à votre jeune moi, au début de votre carrière, avec le recul que vous avez aujourd’hui?

Je lui dirai d’arrêter de douter d’elle autant, de se faire confiance, si seulement j’avais pu, elle aurait moins souffert. Je lui dirai : «Tu es jolie!», alors que je me trouvais si moche, mal dans ma peau, pleine de défauts, de peurs…Quand je vois les photos aujourd’hui, j’étais si jolie…J’ai perdu beaucoup de temps, alors je lui dirai : «Profites et Sois Heureuse la Vie est si courte», je lui dirai de croire en sa bonne étoile… Sourire

Crédit Photo : Fabienne Rappeneau
Comment voyez-vous l’impact des nouvelles technologies (IA) sur la création et la distribution de contenu dans l’industrie du divertissement ?

Je ne peux pas trop m’étendre car je connais mal le sujet, mais cela fait peur évidemment. Peut-être un jour disparaîtrons-nous ? Non, je ne crois pas que cela soit possible. Non, le plus inquiétant, c’est l’écriture, là oui! Il y a danger pour nos Auteurs, c’est très grave.

Travaillez-vous actuellement sur de nouveaux projets?

Oui. Je suis en répétitions de la pièce “Duplex” de Didier Caron avec Pascal Légitimus, Francis Perrin et Claire Nadeau. Nous allons enregistrer une captation pour France Télévision en décembre. Je travaille à la coproduction et au financement d’une très jolie pièce de Sophie Cottin pour l’an prochain mise en scène par Raphaële Cambrai. Et j’attends avec impatience la tournée de ma dernière création “Europeana” qui démarrera en Septembre 2024 jusqu’en Janvier 2025.

Merci à vous Corinne Touzet pour cette jolie balade artistique « Au Passage des Artistes », rendez-vous sur Scène très bientôt !