Christophe Héraut, un artiste aux multiples talents, a fait ses premiers pas sur scène dès son enfance et son adolescence, révélant un don pour la musique, ses performances ont permis à l’artiste d’évoluer en groupe mais également au sein d’orchestres professionnels.
Au passage des artistes, nous avons le plaisir de vous présenter un artiste complet, actuellement sur scène dans le spectacle musical Bernadette de Lourdes.
Art scène radio : Bonjour Christophe Héraut, nous sommes ravis de vous accueillir, comment avez vous commencé ce chemin artistique ? Une vocation, un hasard ?
Christophe héraut : Un peu les deux… une vocation très certainement car dès le plus jeune âge je chantais devant la glace avec un manche à balai et une ampoule en guise de micro…
J’avais un comportement ascolaire, je m’ennuyais horriblement à l’école, incapable de suivre les cours, impossible de me concentrer plus de 5 minutes, je me sentais totalement différent de mes copains. Pour exister dans cet univers et faire ma place j’avais recours à l’humour ce qui m’a valu de me faire virer de tous les établissements. Mon refuge était la musique et les rêves qui l’accompagne.. des melodies me venaient dans la tête, j’écrivais des chansons sans le savoir pensant qu’elles existaient déjà..
La rencontre avec Dominique Besnehard a été capitale. Ça se passe un 23 décembre 1999 sous la Voûte d’un piano bar de nuit autour des halles de Béziers
Le hasard aussi très certainement car un jour mon pote de l’époque reçoit une guitare à Noël, il prend trois cours et me dit “je veux monter un groupe je cherche un chanteur…” on a commencé à répéter chez lui, puis dans le garage de chez mes parents, puis un autre copain s’est ajouté puis un autre.. dans le même temps un pion de mon collège jouait de la guitare dans des orchestres de bal et parfois aussi dans un petit studio de la région. Je me suis également rapproché de lui. Toutes mes économies passaient dans l’enregistrement de mes premières chansons dans le studio où il allait… puis j’ai fini par passer une audition dans un orchestre de bal dijonnais. VENDREDI 13… c’était le nom de l’orchestre.. J’ai été pris contre l’avis de tous les musiciens qui préféraient leurs copains expérimentés… j’avais 17 ans.
Art scène radio : Beaucoup d’artistes évoquent une rencontre décisive dans leur parcours, Dominique Besnehard a-t-il joué ce rôle dans le vôtre ?
Christophe Héraut : La rencontre avec Dominique Besnehard a été capitale. Ça se passe un 23 décembre 1999 sous la Voûte d’un piano bar de nuit autour des halles de Béziers. J’étais en remplacement dans cet endroit où je n’avais jamais joué.. à 1h du matin alors que j’allais partir, Dominique descend les marches avec un acteur très connu qu’il était venu voir au théâtre avant de rentrer sur la capitale pour passer les fêtes… je reconnais bien sûr l’acteur, mais pas lui. Je continue à chanter, il m’interpelle et me demande de venir à Paris pour me présenter son ami producteur Orlando le frère de Dalida qui produisait à l’époque Hélène Segara. Ils repartent et plus de nouvelles pendant 3 semaines.. le 5 janvier jour de mon anniversaire, le téléphone sonne.. c’est Dominique.
Art scène radio: Vous avez eu l’opportunité de jouer des rôles majeurs sur scène, notamment dans des productions comme “Spartacus” et “Ben-Hur.”
Comment avez-vous préparé et vécu ces performances exigeantes ?
Christophe Héraut : Je suis un bosseur, et à partir du moment où je me fixe un objectif rien ne m’arrête, rien.
Tout s’ecarte devant celui qui sait où il va…
Pour Ben-Hur j’ai passé 6 auditions devant Robert Hossein, j’étais le seul à n’avoir jamais fait de théâtre. Sous les conseils de Dominique je suis allé travailler avec un ex-pensionnaire de la Comédie Française auprès duquel il me recommande
On est l’acteur et le chanteur de l’homme qu’on est. Il n’y a pas de méthode, aucune recette.
Pour le rôle de Spartacus j’ai fait un an de musculation deux heures par jour pour préparer le rôle.. Parmi les phrases que j’aime bien il en est une qui dit: ” ce que tu veux, tu peux, ce que tu peux, tu dois…”
Art Scène radio : En plus de votre carrière d’écoute comédien, vous avez également sorti un album musical, “La chute est belle,” en 2014.Comment gère-on cette double casquette au niveau du temps, de l’organisation et de l’investissement ?
Christophe Héraut: Oui cet album “La chute est belle” coécrit avec l’auteur François Welgryn en 2014, mais aussi et surtout mon dernier album (2021) que j’ai cette fois entièrement composé et écrit, : ” Tout recommence ici”. Je l’ai également entièrement produit et suis pour l’instant le seul à le distribuer. Je me suis écrit l’album que je voulais entendre et chanter. J’en suis fier car il me vaut les meilleures appréciations des grands de ce métier, Dominique Besnehard entre autres.
C’est beaucoup de temps et beaucoup d’investissement mais pour moi c’est le même métier, c’est une démarche artistique qui s’imbrique parfaitement avec le jeu d’acteur et tout ce que cela concerne
Art Scène radio Votre récente interprétation du Cardinal de Richelieu dans “Les Trois Mousquetaires” et du Comte Capulet dans “Roméo et Juliette” a été très appréciée. Comment avez-vous abordé ces deux rôles, comment s’effectue le travail du chant et de la comédie ?
Christophe Héraut : Je couperai court en vous répondant qu’il n’est pas difficile de préparer un rôle, d’être acteur ou chanteur c’est même une place très enviée et très privilégiée. Il faut juste s’y pencher, en rêver beaucoup, se mettre dans la peau.. le travail du chant, de la comédie est induit à notre quotidien, à tout ce que l’on est, ce que l’on fait, tout ce que l’on touche. On est l’acteur et le chanteur de l’homme qu’on est. Il n’y a pas de méthode, aucune recette. Le plus difficile dans ce métier est d’avoir le job, le reste je sais faire
Art Scène radio : Comment décririez-vous votre approche artistique personnelle en tant que comédien et musicien ? Y a-t-il des artistes qui vous ont particulièrement influencé dans votre parcours, dans vos choix ?
Christophe Héraut : J’ai ma façon à moi de faire les choses, de m’échauffer avant le spectacle, de me préparer mentalement. Je le fais seul, dans mon coin. Je déteste les grandes réunions pseudo familiales dans les coulisses avant la représentation, je n’ai pas besoin de supporter le stress et l’angoisse des autres. On peut essayer de trouver du courage dans la troupe, on peut s’appuyer sur le groupe pour calmer son angoisse et diluer son trac mais quoi qu’il arrive quand on monte sur scène, on est seul avec soi-même.
Mes artistes préférés, mes modèles dans la musique sont bien sûr Jacques Brel et Alain Bashung mais aussi Pink Floyd U2 Radiohead et beaucoup d’autres..
Dans le cinéma ils sont nombreux également mais j’ai une admiration pour Jean-Pierre Bacri et aussi Juliette Binoche avec qui j’ai eu la chance de jouer dans la série “The New Look” bientôt sur Apple TV. J’admire aussi beaucoup Lino Ventura et les acteurs de cette génération qui avaient une gueule, une signature vocale, un jeu une personnalité bien à eux. Aujourd’hui il me semble que les choses sont aseptisées, tout le monde ressemble à tout le monde, la plupart des acteurs sont lisses c’est à peine si on les reconnaîtraient dans la rue.. pourtant Jean Cocteau disait “ce que l’on te reproche, cultive le c’est toi”.
Moi je chéris mes aspérités, j’entretiens mes paradoxes, j’assume mes différences.
Art Scène radio : Vous êtes actuellement à l’affiche du spectacle musical « Bernadette de Lourdes ». Pouvez-vous nous en dire davantage sur le spectateur, et sur le rôle que vous interprétez ?
Christophe Héraut : Le rôle que j’interprète est celui de l’abbé Peyramale qui était le curé de Lourdes. Ce rôle est la charnière du spectacle et de cette histoire. Il est le premier à croire Bernadette même si au début il lui montre toute sa réticence. C’est lui qui ira convaincre les membres du clergé ainsi que l’État. Il portera jusqu’à son dernier souffle la parole de cette petite Bernadette. Si Bernadette n’avait pas croisé ce curé elle n’aurait pas été Bernadette.
Nous avons eu la chance de jouer ce spectacle à Lourdes dans une salle de 1500 places remplie une à deux fois par jour depuis 2019, puis en septembre dernier au Palais des Sports de Paris où nous avons fait un carton, standing ovation chaque soir! Tellement que nous y reviendrons au mois de juin après une tournée des Zénith de France. Les gens sortent de la salle émus, bouleversés, ils sont régulièrement dépassés par les valeurs que véhicule le spectacle. J’ajoute que même si le public catholique est naturellement sensible touché il n’y a aucun prosélytisme et ce spectacle ne cherche pas à convaincre qui que ce soit. Nous racontons l’histoire d’une enfant de 14 ans qui ne sais ni lire ni écrire et qui voit des apparitions dont elle-même n’a jamais dit qu’il s’agissait de la Sainte Vierge… pour le reste je vous laisse le soin de venir voir le spectacle en province ou à Paris
Art Scène radio : Quels conseils donneriez vous aux jeunes artistes émergeants, qui souhaitent évoluer dans un domaines complexes où les places sont chères?
Christophe Héraut : Dans une démarche artistique il ne peut pas y avoir de demi-mesure. Tu y vas ou tu fais autre chose. C’est une question de vie ou de mort. Quand j’avais 17 ans et que je rentrais dans mon premier orchestre de variété, si on m’avait dit “tu vas manger des sandwichs, dormir sous la tente et jouer gratuitement pendant des années et des années, je vous le dis, je l’aurais fait. Rien n’avait plus d’importance à mes yeux. Tellement bien que lorsque l’on descend du bus après mon premier bal le chef d’orchestre me tend une enveloppe avec de l’argent dedans.. je le regarde interrogé.. il me dit “bah quoi t’en veux pas ?” je saisis l’enveloppe, je l’ouvre, il y avait 700 francs dedans, le montant de mon cachet… moi j’aurais payé pour aller chanter…
Aujourd’hui je me fous complètement d’être connu, riche et célèbre… cela n’a jamais été ma démarche. le but de la vie est d’être heureux.
Si mon dessein avait été de gagner de l’argent j’aurais fait autre chose. Je veux juste pouvoir continuer à faire mon métier de mieux en mieux, avec des rôles de plus en plus grands, profonds, des défis toujours plus haut. Rien ne m’aime et ne me passionne plus. Si un jour ma notoriété grandit considérablement cela ne sera pas de ma faute. J’aurais juste fait ce que je sais faire du mieux que je peux. Encore une fois on n’essaye pas de faire ce métier, on le fait !
Art Scène radio : Travaillez-vous sur de nouveaux projets?
Christophe Héraut : tous les artistes ont de nouveaux projets, ou du moins ils en cherchent.. pour l’instant Bernadette prend beaucoup de place, pour le reste je ne parle pas de ce qui n’est pas concret.
Merci infiniment Christophe pour le temps consacré à nos lecteurs, on vous retrouve sur scène en tournée et à partir du 21 juin 2024 au Dôme de Paris pour «Bernadette de Lourdes »