Elisa Servier, Comédienne au parcours captivant, dévoile ses débuts cinématographiques à 18 ans, lancés par un concours. Des moments marquants avec David Hamilton et Pascal Thomas sont partagés, illustrant un parcours riche en rencontres fortuites. La transition du mannequinat au Théâtre. Elle évoque des expériences clés, comme son travail avec Claude Sautet, et partage des réflexions sur le théâtre contemporain.Un récit charmant mêlant souvenirs et perspectives.
INTERVIEW
Art Scène Radio : Qu’est-ce qui vous a inspirée à débuter votre carrière dans le cinéma à l’âge de 18 ans?
Elisa Servier : J’ai débuté tout à fait par hasard. J’avais envoyé des photos au magazine Mademoiselle Âge tendre pour participer au concours et le réalisateur Pascal Thomas a vu ma photo et m’a fait passer Le casting pour son film « le chaud lapin » en 1973. À l’époque, je voulais être mannequin photo ce que j’ai fait pendant huit ans jusqu’en 1980 malgré ma petite taille.
Art Scène Radio : Comment fut votre expérience de travail avec Bernard Ménez et Daniel Ceccaldi dans “Le Chaud Lapin” en 1973?
Elisa Servier : Je me suis retrouvée dans la Drôme pour le tournage de « Le Chaud lapin »en juillet. J’étais extrêmement timide et je ne connaissais pas du tout ce milieu. J’ai le souvenir d’être restée assez isolée et d’avoir trouvé ça plutôt ennuyeux. Je trouvais qu’on attendait beaucoup! :). J’avais 18 ans et les acteurs masculins avaient tendance à me draguer…
Pouvez-vous partager des souvenirs de votre collaboration avec Pascal Thomas sur “Confidences pour confidences” en 1978?
J’ai tourné à nouveau en 1977 avec Pascal Thomas, après l’avoir croisé tout à fait par hasard sur les Champs Élysées. A l’époque, j’étais toute blonde avec une frange et les cheveux longs ,il m’a dit que je ressemblais à une Claudette! À cette époque je partais faire des photos à New York pour trois mois et il m’a dit « et bien, tu reviendras pour tourner « Confidences pour confidences ». Je suis revenue! C’était un très très joli film bourré de charme. J’étais très inexpérimentée en tant qu’ actrice et je me suis lancée sans me poser de questions. Quand je me suis vue à la projection du film, je n’ai fait aucune différence entre les personnages et moi. Je me suis trouvée nulle je me souviens avoir pleuré toute la journée. C’était horrible… Avec le recul, j’ai revu le film et je me suis dit qu’en fait, Pascal Thomas m’avait parfaitement choisie pour incarner cette Florence un peu folle et fragile à la fois!
Le tournage de « tendres cousines » s’est passé de façon très agréable. David était porté sur les très jeune filles et à 24 ans, je n’en étais plus une , donc les rapports ont été très sympathiques:)
Comment avez-vous vécu le tournage avec David Hamilton dans “Tendres Cousines” ?
Le tournage de « tendres cousines » s’est passé de façon très agréable. David était porté sur les très jeune filles et à 24 ans, je n’en étais plus une , donc les rapports ont été très sympathiques:) …
Comment était la transition de votre carrière de mannequin à celle d’actrice?
La transition entre ma carrière de mannequin et d’actrice s’est faite très facilement. J’avais fait le tour de mes possibilités en tant que mannequin, j’avais travaillé en Allemagne, en Italie, aux États-Unis et en France avec de grands Photographes malgré ma petite taille, je savais que je ne pouvais pas faire mieux. J’avais déjà eu beaucoup de chance! Je suis restée au cours Florent pendant un an et demi en terminant mon métier de mannequin et en 1980, J’ai tourné « Tendres Cousines» avec David Hamilton et 2 mois plus tard, toujours le hasard ou les petits anges, Daniel Auteuil a rencontré Pierre vernier, devant le Théâtre Marigny. Daniel montait « Le garçon d’appartement » de Gerard Lauzier. Pierre Vernier lui demande qui sont les acteurs, Daniel lui dit Qu’il cherche la fille blonde qui jouait dans «Confidences pour Confidences »! Pierre vernier lui répond qu’il vient de jouer avec moi dans le film de David Hamilton et lui donne mon téléphone. Quand les choses doivent se faire…
Quel impact ont justement eu les cours de comédie au Cours Florent sur votre approche en tant qu’actrice?
Le cours Florent a été une expérience très utile. Quand on voulait passer une scène, il fallait se battre. Ça vous donne l’instinct de combat. Je n’étais pas très bonne et seul, Francis Huster croyait en moi et me disait que ma voix bizarre que je n’assumais pas, serait mon atout. Il m’a beaucoup aidée moralement.
Quels défis avez-vous rencontrés lors de votre première pièce de Théâtre, “Le Garçon d’appartement,”?
Quand j’ai commencé à travailler sur « le Garçon d’appartement », ça a été un gros challenge pour moi. Je n’avais jamais joué au théâtre. On répétait énormément au petit Marigny. Daniel auteuil était très exigeant et très angoissé car c’était sa première mise en scène et il avait le rôle principal. Ça a été une école formidable pour moi, j’ai appris énormément et la pièce a été un gros succès. À chaque fois que je croise Daniel auteuil, c’est ma madeleine de Proust! Je me souviens qu’à cette époque, Comme tous les jeunes acteurs, j’articulais mal et je ne parlais pas assez fort. Jean Michel Rouzieres qui était directeur du Théâtre du Palais Royal avait dit : « On ne comprend pas un mot de ce qu’elle dit, cette jeune fille ne fera jamais rien dans le théâtre! » . Finalement, j’ai joué 25 pièces dans les plus beaux Théâtres avec de grands Acteurs ! Mais, j’ai appris à articuler et à parler fort..:)
Quels souvenirs gardez-vous de votre expérience dans “Le Divan” en 1981, aux côtés de Roger Pierre et Isabelle Mergault?
En 1981, je quitte « Le Garçon d’appartement » après 300 représentations sans pause ni vacances et je me retrouve tout de suite au Théâtre La Bruyère sur «Le divan » de Rémi Forlani mis en scène par pierre Mondy. Roger Pierre était charmant, et je retrouvais Isabelle Mergault que j’avais connue au cours Florent. J’ai souvenir d’un énorme fou rire avec Roger Pierre et Micheline Luccioni difficile mais raconter par écrit:)
Voudriez-vous nous évoquer votre expérience de travail avec Claude Sautet dans “Quelques jours avec moi”?
J’étais très heureuse et très fière de tourner avec Claude Sautet. Je retrouvais à nouveau Daniel Auteuil ! Il y avait la grande Danielle Darrieux que j’avais étourdiment tutoyée… Quant j’ai vu son regard, j’ai immédiatement repris le vouvoiement ! On tournait deux minutes par jour, je trouvais ça long..:)
Quels sont vos souvenirs de collaboration avec Gérard Jugnot et Daniel Auteuil dans “Pour cent briques, t’as plus rien…”?
De très bons souvenirs du tournage de « Pour 100 briques, t’as plus rien » .C ‘était très gai, je retrouvais Daniel Auteuil, c’était très rigolo
J’ai refusé de tourner avec Jean-luc Godard, il me propose une histoire glauque de fille ayant des rapports sexuels avec sa mère…
Elisa, quel regard portez-vous sur le Théâtre aujourd’hui ?
Je trouve qu’il y’a énormément de pièces de théâtre par rapport aux années 80, peut-être trop? Je ne sais pas. La quantité peut parfois primer sur la qualité. Le Théâtre manque de tètes d’affiche qui acceptent de jouer une saison entière.En 1995, je travaillais avec Pierre Mondy qui m’avait dit à propos des têtes d’affiche : « On n’a pas la relève… » A l’ époque, des Jacqueline Maillan, des Jean Poiret jouaient souvent 2/3 années de suite, c’était possiblement pesant, mais on avait des vraies stars de Théâtre qui avaient un public fidèle.
Pouvez-vous partager avec nos lecteurs un moment mémorable de tournage?
On tournait « Pour 100 briques, t’as plus rien » avec Édouard Molinaro. Je me retrouve dans un lit avec Daniel Auteuil pour une scène d’amour (on l’avait déjà fait dans « le garçon d’appartement » à peu près 300 fois). Donc, rebelote! Et là, Daniel joue la scène avec une telle fougue que le lit s’est totalement écroulé en plein milieu….:)
Avez vous déjà refusé un rôle? Pour quelle raison ?
Oui! J’ai refusé de tourner avec Jean-luc Godard. J’avais 20 ans. Je prends un café au Trocadéro avec lui et là, il me propose une histoire glauque de fille ayant des rapports sexuels avec sa mère…j’ai décliné très poliment:)
Comment avez-vous choisi vos rôles au fil des ans, que ce soit au cinéma ou au théâtre?
Je n’ai pas choisi mes rôles. J’adore ce métier et je suis toujours partante. D’autre part, c’est un métier, pas un hobby, donc…Travailler est aussi une nécessité
Y a-t-il un projet futur ou un type de rôle que vous aimeriez explorer dans votre carrière d’actrice?
Je vais avoir mon premier rôle en costume au théâtre l’année prochaine. Ça me fait très plaisir! Jusqu’à présent, je n’ai jamais fait de rôles de composition, j’aimerais bien…
Merci infiniment Elisa Servier pour cette jolie promenade à travers le temps et les époques. À très vite sur Scène.
Merci Djaz pour vos questions. À bientôt