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Victoria Sio : Une passionnante épopée musicale

Victoria Sio est une  chanteuse française d’origine italienne, elle se découvre très jeune une passion pour la musique. Découverte dans des projets comme « Le Roi Soleil » ou récemment grâce au film « Aline » (fiction sur la vie de Céline Dion) dont elle est la voix chantée, elle est aujourd’hui aux manettes de son propre projet solo qu’elle compose et produit.
Il y a deux ans, elle sort son premier EP «Tout est bon là» qu’elle co-réalise avec l’artiste Mosimann. Ses précédents single « Antalya » et « Pourquoi » recoivent un bel accueil des radios, médias et plateformes de streaming pour cette artiste indépendante. Le 20 octobre 2023 sort son nouvel EP « 2ème Vie » incluant 6 titres dont « Meilleur pote » qui est choisi comme nouveau single. Ce nouvel EP reflète avec sincérité une renaissance et l’affirmation de son identité musicale. Entre pop et nouvelle variété française, les chansons de ce projet explorent l’amour comme autant d’histoires à vivre.
Victoria Sio
partage sur les lignes de ART SCÈNE RADIO son parcours musical, évoquant sa découverte précoce du chant, ses influences variées, et des moments marquants, notamment dans la comédie musicale : “Le Roi Soleil” et sa représentation à l’Unesco à 14 ans. Elle souligne sa collaboration avec  Maurane, ses difficultés personnelles lors de “The Voice” et son rôle dans le film “Aline”. Victoria aborde également la création de son nouvel EP “2ème vie” et son désir de s’affirmer en tant que compositrice. Elle conclut en évoquant ses rituels avant la scène et l’importance de ses chansons personnelles, notamment “FMLP”

– INTERVIEW – 

Noema Lavegnir
Crédit photo : Noema Lavegnir
Djazia Ahrénds : Comment avez-vous découvert votre passion pour la musique et le chant à un si jeune âge?

Victoria SIO : C’est venu totalement par hasard. Pour les 60 ans de ma grand-mère, ma famille avait réservé une salle des fêtes avec un orchestre qui animait la soirée, je voulais lui faire un cadeau original, je savais qu’elle aimait la musique, elle en écoutait beaucoup, notamment Piaf. Seule dans ma chambre, j’ai travaillé un répertoire entier de toutes les chansons qu’elle aimait et sans prévenir personne, le soir de son anniversaire, je suis montée sur scène et j’ai chanté. Après cet événement, j’ai enchaîné des concours de chant, j’ai demandé à ma mère de m’inscrire à « Je passe à la télé » une émission présentée par Georges Beller et Valérie Mairesse.
C’était un genre de: “Un Incroyable talent”. J’ai remporté l’émission. J’ai très vite signé avec une maison de disque et fait de cette passion mon métier. Je n’ai plus arrêté de chanter depuis… A cette époque j’avais à peine 12 ans !

J’adore les aventures humaines, j’ai vécu à nouveau la vie de saltimbanque en rencontrant un public différent et nouveau chaque soir

Quels artistes ou quelles influences ont joué un rôle majeur dans votre développement musical?

J’ai toujours écouté beaucoup de styles musicaux différents. Ça peut aller du premier album de Céline Dion en passant par Stevie Wonder, au dernier album de Yamê, un artiste plutôt urbain. J’aime bien dire que ma musique c’est un peu de la « nouvelle variété française », un mélange de tout. Pas juste des instruments qui s’accordent, c’est plein de petites influences qui vont se glisser dans ma musique ou dans mes interprétations.

Pouvez-vous partager l’histoire derrière la rencontre avec Didier Barbelivien et la création de votre première chanson, “Le désir de chanter”?

J’avais 13 ans quand j’ai rencontré Didier. Il m’a fait écouter le titre en studio et je me rappelle avoir pleuré parce que c’était vraiment mon histoire. Celle d’une jeune fille qui avait la musique pour seul but et seule passion et qui était totalement incomprise par certains, dont mes professeurs ou mes copains d’école. On me donnait déjà mille raisons d’arrêter et 25 ans plus tard, les mots résonnent toujours. On m’en parle encore aujourd’hui. C’est un titre intemporel.

Quel a été le moment le plus mémorable de représenter la France à l’Unesco aux côtés de Michel Legrand et Barbara Hendricks à l’âge de 14 ans?

D’être justement la plus jeune artiste invitée ! Tout était dingue. De chanter en face de chefs d’État du monde entier, d’être accompagnée par l’un des plus grands orchestres philharmoniques  du monde, celui dirigé par Zubin Mehta, d’être habillé par Jean-Paul Gaultier et, pour l’occasion, d’avoir pour marraine Line Renaud.
Je me rappelle voir tous ces gens se lever à la fin pour acclamer ma prestation. Sur le coup, je n’ai pas réalisé l’ampleur de cette soirée. C’était fou de vivre ça !

Maurane adorait que je lui montre les nouveaux filtres sur Snap. On faisait des vidéos et on pleurait de rire.

Comment était l’expérience de faire partie de la comédie musicale “Le Roi Soleil” et de remporter le NRJ Music Awards avec la troupe?

On avait en face de nous des géants de l’industrie musicale et on a remporté le trophée des NRJ Music Awards deux années consécutives. Nous avions la chance d’être soutenus par un public extraordinaire. On a joué à guichets fermés 6 jours sur 7 pendant 2 ans. Nous avons fermé le chapitre de cette belle aventure à Bercy (la salle à l’époque). Je n’oublierai jamais cette aventure humaine et musicale qui m’a permis de grandir et de rencontrer un super public qui m’accompagne encore aujourd’hui

Pouvez-vous partager des souvenirs de votre collaboration avec la regrettée Maurane et les moments forts de vos performances ensemble?

Maurane a toujours été très bienveillante avec moi et a toujours été là pour me filer des coups de pouce. J’ai eu la chance de chanter de nombreuses fois avec elle, j’ai également fait une de ses premières parties.
Au-delà d’être une super alliée de scène, c’était mon amie. On était très complices. Deux scorpionnes, ça parle et ça rit beaucoup, et qu’est-ce qu’on a ri ! Elle adorait que je lui montre les nouveaux filtres sur Snap. On faisait des vidéos et on pleurait de rire. Elle séjournait chez moi quand elle venait sur Paris. Elle écoutait mes maquettes, me donnait son avis et vice-versa. J’ai toujours beaucoup de mal à me dire qu’elle n’est plus là

C’était un moment très éprouvant, puisque mon père était décédé quelques jours avant l’émission

Comment avez-vous vécu votre participation à la deuxième saison de “The Voice, la plus belle voix” en 2013 ?

À vrai dire, pas si bien que ça. J’habitais dans le sud à cette époque, j’ai accepté de participer à la saison 2 car j’avais besoin de revenir dans la lumière, mais à cette même période, j’étais en train de perdre mon papa d’un cancer des poumons. Mes passages sur scène, mon énergie, ma concentration, n’étaient pas au top, je n’étais pas confortable. Je faisais des allers-retours, j’avais constamment peur. Lors de ma dernière prestation en direct, j’ai chanté «Je voulais te dire que je t’attends»,mon coach, Florent Pagny, m’avait dit, juste avant, de ne surtout pas pleurer, de ne pas céder non plus, ce que j’ai fait… Ce fut un moment très éprouvant, puisque mon père était décédé quelques jours avant. Ce fut une belle expérience, j’ai pu créer de nouveaux liens, mais mon cœur était triste.

En tant qu’interprète de la reine Anne d’Autriche dans la comédie musicale “Les 3 Mousquetaires”, quel défi cela a-t-il représenté pour vous?

Je suis passée d’une révolutionnaire pieds nus dans le Roi Soleil, à une Reine en talons avec une collerette et une robe de princesse, c’était déjà un DÉFI. J’ai trouvé le lien assez sympa de jouer Anne d’Autriche, sachant que c’était la mère de Louis XIV et que des années auparavant je jouais dans “Le Roi Soleil”. Je me suis dit que la boucle était bouclée. J’adore les aventures humaines, j’ai vécu à nouveau la vie de saltimbanque, en rencontrant un public différent et nouveau chaque soir. Voir les yeux des enfants briller à chaque fois que j’arrivais avec ma robe à paillettes, cela n’a pas de prix !

Crédit photo : Gary Queruel
Comment avez-vous abordé votre rôle dans le film “Aline” et la responsabilité d’être la voix chantée de Céline Dion?

Ça a été un petit coup de pression au début je l’avoue, je savais que je touchais à un monument de la chanson. Je suis tout de suite allée voir mon phoniatre, (médecin des cordes vocales), celui ci m’a donné quelques tips pour rester en forme sans me casser la voix,  je savais que j’allais rentrer en studio pour deux mois intensifs, chanter des chansons plus difficiles les unes que les autres. Valérie Lemercier attendait beaucoup de moi, le public aussi, nous avons donc travaillé main dans la main. Elle était là à chaque prise de voix. Valérie et moi sommes des perfectionnistes, nos séances se terminaient souvent très tard ! Pour moi, ce fut un vrai challenge, c’était la première fois que je faisais ce genre d’exercice et j’ai adoré

Je suis une grande traqueuse et perfectionniste. J’ai besoin de tout contrôler et à la fois d’être rassurée

Pouvez-vous partager l’inspiration derrière votre nouvel EP “2ème vie” et nous en dire plus sur le processus de création, en particulier concernant la chanson “Meilleur pote”?

Mon Ep “2ème vie” arrive à un moment de ma carrière où j’ai envie d’affirmer davantage mon identité musical. On a beaucoup écrit pour moi, j’ai fait partie de projets conceptuels ou collectifs, aujourd’hui j’ai la chance d’exprimer mon art à travers mes propres compositions. Pour moi c’était important de ne plus être qu’une simple interprète. C’est une chance de pouvoir faire passer des émotions ou des messages à travers nos chansons, dans ce nouvel EP, je me livre un peu plus; je parle d’amour, de sujets multigénérationnels. J’essaie toujours de raconter quelque chose que j’ai vécu en me disant que celui qui écoute l’a vécu également.
C’est le cas pour le titre “Meilleur pote”. Qui n’a jamais eu un crush pour son ami.e et que ce ne soit pas réciproque ? Récemment une personne m’a écrit pour me dire qu’il était dans une impasse avec sa meilleure amie, qu’il allait lui faire écouter ma chanson pour lui faire passer le message. J’ai trouvé ça génial

CLIP : MEILLEUR POTE

En tant que compositrice, comment s’effectue la réalisation d’un titre, est-ce que tu commences par le texte ou la musique ?

Le plus souvent,  c’est la mélodie qui me vient en premier. Sur cet EP, j’ai composé tous les titres avec Tiery-F, qui est également l’arrangeur, celui qui habille les chansons. Il m’envoyait des suites d’accords, sans donner forcément une couleur au titre, moi je passais derrière le micro et instinctivement il me venait une mélodie et même quelquefois des mots. C’était le cas pour la chanson « Pourquoi » où le refrain m’est venu naturellement. J’ai envoyé la démo à mon auteure Dobriski, comme elle me connaît bien, elle a écrit la suite.
Et puis il y a d’autres schémas. Je suis en studio, il me manque un titre pour finaliser l’EP, j’’ouvre un dossier dans mon ordinateur , je vois qu’il y a un texte que je n’ai jamais mis en musique; je dis à Tiery de se mettre au piano, je lui demande d’enregistrer et lui dis : « Vas-y, on improvise quelque chose sur ce texte et on voit »,  à ce moment, il commence à jouer les notes de l’intro de «Jusqu’à toi». J’ai mon texte sous les yeux que j’apprivoise pour la première fois, et il me vient une mélodie. Cette même mélodie qu’on a gardé telle qu’elle dans l’EP. La version définitive est en réalité une démo que je n’ai jamais rechantée.

Quels sont vos rituels ou préparations avant de monter sur scène ?

Je suis une grande traqueuse et perfectionniste. J’ai besoin de tout contrôler et à la fois d’être rassurée. Je check mes retours pour être sûre qu’ils sont à la bonne distance, je fais un dernier point avec mon équipe, je check aussi les câbles par terre, j’ai une phobie des câbles mal rangés, donc faut que ce soit parfait. Je mange rarement avant un show, par contre je bois beaucoup, j’ai souvent la gorge sèche dû au trac. Je m’entoure de gens, je parle, je ris…Bref, je suis en mouvement continu, faut surtout pas que j’attende seule dans ma loge, sinon je crève !

Y a-t-il une chanson particulière de votre répertoire qui a une signification très personnelle pour vous, et si oui, pourquoi?

Il y a en a plusieurs mais peut-être “FMLP”, elle a été la première chanson que j’ai sorti en tant que compositrice, en étant totalement indépendante sur mon projet. On met souvent les gens dans des cases, on croit souvent nous connaître, on se cache derrière des réseaux pour nous détruire, on doit garder le sourire malgré tout, malgré tout ce qu’on vit. Cette chanson raconte tout ça.
Et c’est souvent ce que je ressens quand je regarde autour de moi. C’est pas toujours facile, mais ça doit aller. On met ses lunettes au filtre rose et on avance! Pas le choix.

Merci Victoria, à bientôt sur scène et sur les ondes 
Crédit photo : Noema Lavegnir