Confinement oblige, nous vous proposons depuis quelques semaines de découvrir ou redécouvrir vos artistes préférés à travers des interviews écrites .
Au passage des artistes à le plaisir de partager avec vous une balade artistique avec le comédien Pierre Deny
Pierre, comment découvres tu le Théâtre?
Je m’intéresse au théâtre dès le lycée, je fais partie de plusieurs troupes amateurs, puis j’entre au Conservatoire d’art dramatique de Grenoble, où je rencontre un professeur de théâtre formidable, qui va me convaincre définitivement que je suis sur la bonne voie
Être Comedien s’apprend ou se perfectionne dans une école dédiée ?
Faire une école de théâtre n’est pas obligatoire pour faire ce métier, mais ça donne incontestablement des bases solides. Pour ma part, j’ai fait l’Insas, école nationale à Bruxelles. J’y ai développé le goût de la lecture, l’approche des grands auteurs, la respiration, la concentration, la connaissance de son corps, l’intelligence du texte..
Ton parcours est riche et multiple : cinéma , tv , théâtre, radio, de la synchro, de la publicité, que préfères tu?
On peut ressentir de belles émotions dans tous ces domaines, ciné, radio, télé.. mais en ce qui me concerne, c’est le théâtre qui m’a fait vivre mes plus belles expériences. Sans doute parce que c’est le domaine dans lequel on prend le plus de temps pour travailler en profondeur, pour explorer, pour aller à la rencontre de l’autre.. Le monde du tournage, surtout à la télé, est soumis à des contraintes économiques qui obligent à aller vite, et à être rentable.
Quoi de plus passionnant, lorsqu’on répète une pièce que de prendre des heures entières à travailler sur quelques répliques, la subtilité d’un regard, la finesse d’une nuance, parfois sur un seul mot
Après tout ce temps et cette expérience vis tu encore des moments de doutes, de craintes ou d’angoisses quant au succès d’un nouveau projet ?
Bien sûr !.. Encore et toujours des craintes et des doutes. D’abord sur la faisabilité d’un projet, qui aujourd’hui dépend de nombreux facteurs, économiques, de production, de diffusion, de casting.. Mais surtout, évidemment toujours autant le trac à l’approche d’une première au théâtre ou d’un premier jour de tournage.. Pas un trac qui paralyse, mais au contraire une excitation positive, et qui transcende. Et ce sentiment, quand il n’est pas traumatisant, est agréable et porteur !
Quels conseils peux-tu donner aux jeunes comédiens qui débutent dans ce domaine?
Les jeunes comédiens qui débutent peuvent aujourd’hui se mettre “sur le marché”, passer des castings, rencontrer des metteurs en scène, faire leur propre publicité sur les réseaux sociaux, à travers des virgules ou des court-métrages. Mais rien ne remplace, à mon sens, une formation théâtrale professionnelle, dans une école, pour acquérir des bases puissantes, physiques, corporelles et intellectuelles. Pour vivre également une ambiance de troupe, approcher les auteurs du répertoire et du théâtre contemporain.. Et surtout, et c’est très important car c’est le problème de notre carrière, pendant une formation, on n’est pas seul ! On travaille, on lit, on répète, entouré de professeurs et de camarades, on avance ensemble, comme une vraie troupe de théâtre, et c’est capital !
Comment vis tu ce confinement, TV, Frigo, Dodo ou plutôt Boulot ?
Un confinement, par définition est anxiogène car il résulte d’une contrainte. J’essaie de le rendre le plus distrayant possible en lisant des pièces que j’avais dans mes tiroirs depuis longtemps, en regardant des films que j’avais ratés.. Mais aussi en consacrant du temps à faire la cuisine, faire du sport, lire, écrire..
As tu une date de reprise pour « Double jeu » au Théâtre du Gymnase ?
Double jeu devait se terminer fin avril, il y a donc peu de chances que nous le reprenions, mais la production cherche à rebondir quelque part ailleurs, plus tard dans la saison.
Quel rôle rêves tu d’interpréter aujourd’hui ?
Le plus beau rôle est toujours le prochain ! En vérité, tous les rôles sont passionnants si avec le metteur en scène ou le réalisateur, on trouve l’éclairage à donner au personnage. Mais il est vrai que les personnages qui présentent des failles ou des zones d’ombre sont plus intéressants à jouer car ils permettent à l’acteur de travailler sur plusieurs facettes. Au théâtre, les grands rôles du répertoire, Shakespeare, Brecht, Moliere, Tcheckov, sont évidemment des monuments qui font toujours saliver un acteur.
Cette année, j’ai été particulièrement gâté avec les deux pièces que j’ai jouées. “Fausse note” au théâtre de la contrescarpe, et “Double jeu” au théâtre du Gymnase parce que, dans les deux cas, ces pièces m’ont offert des rôles avec de belles faces cachées, des blessures et la possibilité d’amener le spectateur vers des fausses pistes et de le surprendre.
De nouveaux projets ?
Des projets, bien sûr, des pièces pour 2021, des tournages à la rentrée, et la suite de la série “Demain nous appartient”.. En espérant que tout se débloque bientôt, et qu’on retrouve notre public !
Pierre Deny merci d’avoir répondu à mes questions. À très vite sur scène