Il est rare que l’adaptation cinématographique d’un roman nous plaise. Il y manquera toujours des détails, des descriptions de personnages pas suffisamment soulignées ou des aspects psychologiques superficiels. Rien de tel dans le septième long métrage d’Yvan Attal. Ce film qu’il a réalisé à partir de l’excellent livre de Karine Tuil est une réussite
On y retrouve deux grandes parties. La première, consacrée à la présentation d’une famille aisée. Jean Farel (Pierre Arditi) est un célèbre animateur de télévision dont l’émission est menacée. Son ex-épouse (Charlotte Gainsbourg, excellente) qui a refait sa vie avec un professeur de littérature (Mathieu Kassovitz) accueille son fils Alexandre, étudiant aux Etats-Unis, à Paris (Ben Attal). Un jour celui-ci est accusé de viol par une jeune femme (formidable Suzanne Jouannet) avec laquelle il s’était rendu à une soirée
La seconde partie du film raconte le procès d’Alexandre Farel. A-t-il réellement abusé de la jeune femme ? A-t-elle pris pour un viol les mots crus et les actes soudains d’Alexandre ? La justice va t-elle prendre en compte la parole d’une femme qui se libère ? La réputation des familles, les conséquences médiatiques…C’est une plongée au coeur de notre société, du quotidien, de la parole donnée puis reprise, du mensonge aussi
Les deux grands moments du procès sont les plaidoiries des avocats. Celle de la partie civile portée avec foi par Judith Chemla et celle de la défense qui permet à Benjamin Lavernhe de nous faire croire qu’il fut avocat dans une première vie. C’est à une adaptation fidèle à laquelle nous convie Yvan Attal dont le fils a la voix et la démarche. Et ce n’est pas l’unique élément troublant du film
Thierry Fréret