Ne manquez pas l’entretien exclusif avec Julien Sibre, acteur et metteur en scène, où il partage son expérience à l’École de Théâtre Les Enfants Terribles et son impact sur sa carrière. Découvrez les défis rencontrés en tant qu’acteur et metteur en scène, ses critères de sélection de projets théâtraux, ainsi que son point de vue sur l’avenir du théâtre et du doublage à l’ère numérique. Une plongée fascinante dans le monde du spectacle vivant vous attend!
L’INTERVIEW
Art Scène radio : Pouvez-vous nous parler de votre expérience à l’École de Théâtre Les Enfants Terribles et de son impact sur votre carrière?
Julien Sibre: Je n’y suis passé qu’une année, mais ça a été très bénéfique. Je ne crois pas que l’on apprenne à jouer dans une école, mais les professeurs que l’on croise peuvent mettre le doigt sur des défauts que l’on a et qui, si on ne les gomme pas, risque de nous suivre tout au long de notre carrière professionnelle. Ca a été le cas avec, entre autres, Béatrice Agenin, Joel Demarty ou Jean-Bernard Fetussi. Les écoles de théâtre sont aussi l’occasion de travailler et d’approfondir des scènes comme cela n’arrivera plus jamais par la suite ! Vous pouvez passer deux mois à travailler une scène alors qu’une fois dans le monde professionnel, vous devrez, dans le même lapse de temps, avoir travaillé la totalité de votre rôle !
Les défis sont quotidiens. En tant qu’acteur, le doute revient en permanence, le souci de toujours bien faire et de refaire
Quels sont les défis que vous rencontrez en tant qu’acteur et metteur en scène de théâtre, et comment les abordez-vous?
Les défis sont quotidiens. En tant qu’acteur, le doute revient en permanence, le souci de toujours bien faire et de refaire ce qu’on a fait la veille sans jamais se lasser. Il faut trouver le moyen de s’amuser en permanence. Même dans le drame. On ne dit pas « jouer » pour rien. En tant que metteur en scène, la difficulté et de tailler le joyaux qu’on a dans la tête et de ne surtout pas le laisser se détériorer avec le temps. C’est ce qu’il y a de plus compliqué.
Quels sont vos critères de sélection lors du choix des projets théâtraux sur lesquels vous travaillez? Avez-vous déjà refusé un projet? Pour quelle raison?
Je suis très difficile sur le choix des textes. Il faut qu’il y ait quelque chose d’extrême. Que ce soit très drôle ou très sombre. Je n’aime pas l’eau tiède. J’ai toujours l’ambition de faire des spectacles dont les spectateurs se souviendront plusieurs années après. Sinon, je sais que je serai malheureux. Si bien qu’il m’est arrivé très souvent de refuser des textes que l’on m’envoyait. J’essaie de monter les spectacle que j’aimerais voir.
Quels ont été les principaux défis que vous avez rencontrés lors de la mise en scène de “Le Repas des fauves”, et comment les avez-vous surmontés?
Lorsque vous montez un spectacle avec sept personnages en permanence au plateau, il y a une chorégraphie très compliquée à mettre en place. Faire en sorte que le public voit tout et que tous les mouvements des personnages paraissent naturels et justifiés. Pour ça, je travaille beaucoup en amont, pour faire des propositions aux comédiens, puis ensuite en collaboration avec eux. On ne peut pas imposer à un comédien un déplacement qu’il ne comprendrait pas. Pour ce travail très particulier, je me suis beaucoup inspiré de ce qu’avait fait Alain Françon (pour qui j’ai une grande admiration) dans « Ce fou de Platonov » dans lequel il y avait parfois une vingtaine de personnages au plateau et où tout paraissait extrêmement fluide et naturel.
Brad Pitt parlera bientôt aussi bien français que mandarin et le doublage disparaîtra.
Faut-il être comédien pour faire du doublage ?
Bien évidemment ! Au même titre qu’il vaut mieux être chirurgien pour pratiquer une transplantation du cœur ! Même si un mauvais doublage n’a jamais tué personne. Le doublage n’est qu’une corde de plus à l’arc du comédien. La plupart des comédiens jouent au théâtre, tournent pour la télé ou le cinéma, font de la radio, de la formation, du doublage, des films d’entreprise, de la pub… nous nous laissons porter au gré des rencontres, plus ou moins heureuses, et c’est là tout le plaisir de notre métier. Il est très divers et le doublage en fait partie comme le reste.
Quels sont les aspects les plus gratifiants de votre travail en tant que metteur en scène?
L’idée d’emporter avec moi toute une équipe qui va me faire confiance et va tout faire, chacun dans son domaine, pour faire naître ce que j’ai dans la tête. Ces énergies combinées qui se battent pour faire émerger votre idée, c’est très beau. Seul, vous n’arrivez à rien.
Si vous deviez un jour choisir entre la TV, le Théâtre ou la mise en scène, quel serait votre choix ?
C’est en tant qu’acteur que je m’amuse le plus. Sans commune mesure avec le reste. Que ce soit sur un plateau de tournage ou de théâtre. En tant qu’acteur, je n’ai qu’une responsabilité très relative et un plaisir de jouer extrême. Donc si je devais choisir, je ne ferais que l’acteur
Comment voyez-vous l’avenir du théâtre et du doublage à l’ère numérique et face aux évolutions technologiques?
Le théâtre survivra à tout. Les gens ont besoin du spectacle vivant. Encore plus depuis la crise du Covid. Ca dure depuis l’Antiquité et ce n’est pas près de s’arrêter. Après, que les formes changent, ça c’est possible, mais le théâtre sera toujours là. Quant au doublage, c’est l’inverse. Il est en voie d’extinction. Avec l’arrivée de l’IA, Brad Pitt parlera bientôt aussi bien français que mandarin et le doublage disparaîtra. Il faut voir ça comme une évolution naturelle et plutôt logique. Lorsque nous faisons du doublage, nous ne sommes pas dans la création (hormis pour les dessins animés), nous essayons simplement de trahir le moins possible l’œuvre originale. Si vous doublez un grand acteur dans un grand film, vous aurez beau y mettre toute votre énergie et votre bonne volonté, vous ferez toujours moins bien que lui
Au Théâtre actuellement :
La soirée se déroule sous les meilleurs auspices, jusqu’à ce qu’au pied de leur immeuble soient abattus deux officiers allemands. En représailles, la Gestapo investit l’immeuble et décide de prendre deux otages par appartement. Le Commandant Kaubach, qui dirige cette opération, reconnaît en la personne du propriétaire de l’appartement, M. Pélissier, le libraire à qui il achète régulièrement des ouvrages. Soucieux d’entretenir les rapports courtois qu’il a toujours eus avec lui, Kaubach leur laisse alors la liberté de choisir eux même les deux otages qu’il viendra chercher au dessert. C’est ainsi que peut commencer “Le Repas des Fauves”.
LE REPAS DES FAUVES
Actuellement au Théâtre Hébertot
Artistes : Thierry Frémont, Cyril Aubin, Sébastien Desjours, Benjamin Egner, François Feroleto, Jochen Hägele, Stéphanie Hédin, Jérémy Prevost, Julien Sibre, Barbara Tissier, Alexis Victor et Caroline Victoria.
Metteur en scène : Julien Sibre