Art Scène Radio a eu le plaisir d’entamer une conversation exclusive avec Fabienne, une personnalité médiatique et artistique aux multiples facettes. De son parcours passionnant dans le monde des médias, en passant par son engagement humanitaire, jusqu’à sa récente incursion dans la musique avec son EP “J’aimerais”, Fabienne partage ses expériences marquantes, ses inspirations profondes, et sa vision unique de l’art et de l’humanité. Découvrons ensemble le cœur et l’âme de cette femme libre, qui s’efforce de faire entendre sa voix à travers les mots, la musique et des causes qui lui tiennent à cœur.”
Quel a été le moment décisif qui vous a inspirée à combiner votre carrière médiatique avec des actions humanitaires?
Fabienne Amiach : Lorsque j’ai eu la chance d’être castée pour présenter la météo je travaillais alors sur Europe1 – je préparais les émissions du matin de 8h30 à 11h et cela me demandait un travail drastique. De nombreux invités (Cinq) par jour, aux caractères très différents, aux professions éclectiques de l’artiste au philosophe, de l’humoriste à l’aventurier, je dressais leurs portraits avec beaucoup d’intérêt afin de traduire avec excellence l’essence même de leur personnalité. J’ai croisé des personnes formidables comme Sting, mère Thérésa, Noureev, Gainsbourg et combien d’autres encore, dont la vie était exceptionnelle. J’aimais qu’ils se sentent bien, mon empathie pour les gens avaient déjà commencé toute jeune car j’étais scout, puis liant le contact facilement je suis devenue attachée de presse pendant quelques années pour des amis qui aimaient ma créativité, mon imagination, mon dynamisme, je les mettais en valeur jusqu’à ce qu’ils atteignent la reconnaissance nécessaire pour leur évolution. Pour exemple « la maison du convertible » « le paradis du fruit » etc.. Je m’amusais autant que faire se peut. Quand je suis rentrée à france3 pour présenter la météo, on m’a sollicitée pour l’enfance handicapée, et j’ai de suite dit oui. Je n’avais pas encore d’enfant à ce moment-là mais je compatissais à la douleur des parents qui étaient dans ce cas. Je suis rentrée comme bénévole dans l’association « soleil d’enfance » et cela fait trente ans que j’y suis. J’en suis devenue Présidente. Je suis sensible à l’enfance et présente sur tous les fronts lorsqu’il s’agit de participer à des causes défendant l’enfant. (que ce soit le handicap, le cancer, la maltraitance etc). Il était pour moi indispensable d’être au service de l’humanité, la météo m’a permis de rentrer chez les gens d’une certaine manière et de leur apporter à la fois des informations et du réconfort et de la joie.
Je n’ai jamais changé, je suis ce que je suis, libre et naturelle, la télévision n’a jamais déteint sur moi , une fois que j’avais fini mon travail, ôter le maquillage, j’étais à nouveau Moi tout simplement, ni plus ni moins, attentive aux questions que les gens me posaient sur le temps alors que je faisais mes courses comme eux
Art Scène Radio : Pouvez-vous partager une expérience marquante de votre travail qui a profondément touché votre cœur?
Fabienne Amiach : J’ai eu de grands moments de joie à la météo, je recevais des délégations officielles sur mon plateau fond vert, des visiteurs, des journalistes étrangers mais le souvenir le plus marquant, fut la visite du Petit Nicolas, un enfant autiste qui est venu avec sa maman. Nous avions préparé cette journée ensemble, elle m’avait confié l’intérêt de Nicolas pour la météo, m’avait dit qu’il regardait mes bulletins et qu’il ne parlait que de cela à la maison. Je les ai reçu un matin, Nicolas a assisté à la préparation de mes cartes dans mon bureau, il était incollable sur les prévisions, à tel point qu’il aurait pu être ingénieur météo si son handicap ne l’en avait empêché. Nicolas devait s’arrêter et marquer des pauses de temps en temps en allant prendre l’air et revenir. Puis nous sommes allés sur le plateau et Nicolas a présenté un bulletin, il était très stressé à l’idée de se voir. Il a fallu le rassurer, l’accompagner. Son bonheur était intense et il a fait partager sa joie à tous. (le bulletin n’est pas passé à l’antenne). J’avais gardé le contact avec sa maman et Nicolas parlait encore de son expérience après des années. Aujourd’hui je ne sais pas ce qu’il est devenu
« J’aimerais » que mes chansons soient chantées, à toutes les saisons, qu’elles donnent envie de vivre, de rire, de jouer avec la vie
Comment est née votre EP «J’aimerais»?
J’ai écrit cette chanson quelques semaines après avoir quitté la télé. Je voulais offrir autre chose de moi-même, en fait je voulais dire qui j’étais vraiment, avec toute ma sensibilité. « J’aimerais » c’est un souffle de liberté, un regard porté sur moi et le monde, mes rêves, mes envies.
C’est un désir de fraicheur, de mer, de vent, de soleil, c’est une aspiration à être, agir, dire, faire, c’est un envol, un tourbillon, c’est l’expression d’une passion retrouvée, la musique ! Qu’est ce qui pouvait me mettre en joie ? c’est la réponse à la question que je me suis posée. Le bonheur est différent pour chacun d’entre nous , il existe un bonheur pour tout le monde, il suffit d’être à la bonne heure et ne pas laisser votre étoile passer.
J’ai saisi mon courage à deux mains, comme on saisit la corde qui vous est lancé pour ne pas tomber. J’ai goûté le sel de la mer, l’eau c’est la vie, j’ai pris une bouffée d’air, j’ai respiré un grand coup et j’ai fait le grand saut vers l’inconnu. On créé les miracles, Dieu fait le reste, il suffit de demander avec la ferme conviction que l’on est entendu. J’ai eu une chance inouie , une rencontre avec un compositeur Michel Cywie et un arrangeur Gabriel Marini, J’ai comme talent de savoir réunir les gens et de leur faire confiance c’est instinctif ou pas
Qu’aimeriez-vous personnellement?
« J’aimerais » que mes chansons soient chantées, à toutes les saisons, qu’elles donnent envie de vivre, de rire, de jouer avec la vie , de ne plus avoir peur du temps qui passe mais d’en faire un ami. « J’aimerais » c’est moi ! Je donne et je reçois tellement à travers mes chansons. Quand j’écris, je me sens comme messagère des mots, des silences, des émotions
En tant qu’artiste engagée, comment choisissez-vous les thèmes abordés dans vos chansons, tels que la répression des femmes ou la préservation de la nature?
J’ai toujours été sensible à tout ce qui se passait et cela depuis toute jeune. Tout d’abord à la nature qui est notre mère nourricière, à la terre qui nous accueille, n’oublions jamais que nous ne sommes que locataires ici-bas. (voir mon livre , le potager des grosses légumes qui non seulement une satire politico-humoristique mais également un plaidoyer pour l’agriculture. Essayons de laisser les lieux aussi propres que comme nous les avons trouvés il y a des centaines d’années, lorsque les océans étaient propres, les cultures sans pesticides, l’air sans pollution et la couche d’ozone pas un gruyère !
Oui cela me touche lorsqu’il y a de plus en plus de gens qui périssent dans les catastrophes naturelles.
Depuis une vingtaine d’années il y a des tsunamis, des inondations dramatiques et mortelles qui emportent tout sur leur chemin. Il y a de plus en plus de périodes de sécheresse et nous allons manquer d’eau dans certaines parties du globe. L’alimentation également va venir à manquer s’il n’y a plus d’eau. Sans compter les guerres et les répressions en tout genre.
Je suis une femme libre et je remercie le ciel d’être née en France, mais ce n’est pas pour cela que je ne suis pas sensible aux autres femmes qui vivent sous le joug des dictateurs, dans la peur et l’angoisse permanente.
Etre née « femme » dans certains pays ne donne aucun droit à la vie. Oui je m’insurge quand j’entends les jeunes femmes iraniennes ou afghanes qui tremblent de peur chaque jour qui passe ne sachant si pour elles il y aura un autre soleil. Elles sont courageuses celles qui mènent ces révolutions au péril de leur vie et on se doit de ne pas les oublier, c’est un droit et un devoir.
Les femmes ont souvent été plus courageuses que les hommes, on l’a bien vu pendant la révolution française ces femmes comme Olympe de Gouges, Charlotte Corday, Louise de Keralio, Manon Roland et combien d’autres encore. Puis plus tard nous avons eu Simone Veil, pour le droit a l’avortement et d’autres prix Nobel qui se sont battues pour être reconnues comme Marie Curie, Mère Térésa, Malala Yousafzai, Nadia Murad (captive de l’état islamique) et aujourd’hui le prix Nobel de la paix croule encore en prison en Iran, Nargèse Mohamadi. Il faudrait être aveugle, sourd ou complètement insensible pour ne pas ouvrir les yeux et avoir mal. ce que les femmes subissent : Enfermées , battues, violées mais quand cela va-t-il s’arrêter ? Alors chanter la beauté de la femme et son droit à la vie c’est aussi un moyen de s’exprimer et de les soutenir.
J’ai aussi une chanson qui est dédiée aux enfants handicapés, elle s’intitule « Nos différences » moi-même Présidente de l’association « soleil d’enfance » je suis sensible aux problèmes que rencontrent les parents et les enfants dans un monde où peu de choses sont faites pour les reconnaitre dans leur entièreté et les intégrer dans nos sociétés
Pouvez-vous nous parler de votre processus créatif, que ce soit pour écrire un roman, une chanson ou pour vos œuvres humanitaires?
Mon moteur c’est le cœur. Sans une envie d’aider, d’informer ou de transmettre des émotions je ne peux pas avancer, progresser ou aimer.
Pour l’écriture, elle me vient d’une manière très fluide comme si c’était aussi normal que respirer, ou dormir.
D’une observation, d’une réflexion, d’une intention, d’une émotion, d’une révolution, ou simplement parce que c’est plus fort que tout j’aime les mots, j’aime les associer, les ponctuer, les rythmer. L’écriture c’est comme un tableau, une danse, une musique, j’y mets l’essence de mon âme. Je me connecte avec mes cellules et je vais puiser dans ma caverne l’inspiration.
Parfois ce sont des faits avérés, des informations reçues qui me font réagir, par d’autres je me mets au service de mon imagination et ma créativité jaillit comme un volcan, entrainée par une énergie vitale. Mon premier roman « le potager des grosse légumes », j’ai mis deux ans pour l’écrire, je rayais, recommençais, cherchais j’ai appris à cultiver mon potager avec de vrais légumes, juste pour me rendre compte que ce que je disais était vrai. Puis j’ai collecté en découpant des articles de journaux toutes les paroles et les articles de presse sur les hommes et femmes politiques qui pourraient avoir des similitudes avec mes légumes.
Je me suis tellement amusée que j’en riais la nuit toute seule
Comment la musique, selon vous, peut-elle être un moyen puissant pour sensibiliser aux questions humaines et sociales ?
La musique agit comme un médicament de l’âme. Elle soigne, elle transporte, elle rend joyeux, elle émeut, elle fait pleurer, elle rythme la vie, elle fait réfléchir, elle rassemble, elle créé des émotions d’amour. Elle joue un rôle d’équilibre de l’humeur, par exemple si vous écoutez Mozart au calme, vous ressentirez la puissance de la musique, si vous écoutez une musique de Wagner, vous serez rempli d’une envie d’avancer, de bouger. Si vous écoutez une musique de relaxation avec le bruit du vent, de l’eau, du feu qui crépite vous vous sentirez rassuré et peut-être que vous vous endormirez.
Elle est une part de notre humanité, au même titre que toute forme d’art comme la peinture, la sculpture, la danse. C’est la reine des influenceuses.
les groupes s’associent par rapport à leur sensibilité musicale et se reconnaissent dans leurs années 60/70/80 etc…elle marque le temps et les souvenirs.
Elle est la compagne de tous les jours. Partout où vous allez, vous entendez de la musique. Elle est au service de l’humanité, depuis que l’homme a compris qu’elle pouvait être un moyen de communication (tambours, tam tam, ou simplement voix émises dans la nature (les indiens d’Amérique en avait fait une messagère, les Africains un dialogue, les peuples depuis la nuit des temps ont utilisé la musique pour transmettre, prévenir, guérir (les sorciers) pour les bouddhistes, la musique est vibratoire et source de vie, toutes les religions confondues ont utilisé la musique pour appeler à la prière etc…Pendant tous les moments les plus cruciaux de l’histoire la musique a accompagné les hommes, sur les champs de bataille par exemple pour passer à l’attaque, ou pour raconter les faits de guerre, sur les océans et au-delà des mers les chants des marins sont célèbres. Je pourrai écrire un livre sur la musique, mais en ce qui me concerne la musique et les mots sont une force qui touche en plein cœur celui qui sait l’entendre, l’écouter, en faire sa cause.
La musique traduit ce que l’on ressent, ce que l’on est, ce que l’on veut exprimer, la musique est un moyen d’informer sans pour autant brimer, d’être en phase avec ses pensées et véhiculer des messages. Elle est force et faiblesse, elle est rêve et réalité, elle est le paradoxe, elle défit toute logique
En plus de votre EP, quelles sont vos prochaines aspirations artistiques?
Je prépare une pièce de théâtre avec une amie comédienne, encore basée sur la musique.
Nous interpréterons nos répertoires plus des reprises de chansons des années 60/70. Tout ceci mis en valeur par une histoire ou fil rouge amusant. Puis je vais reprendre l’écriture d’un deuxième roman que j’avais laissé murir
Comment équilibrez-vous votre engagement artistique avec vos actions philanthropiques, et en quoi cela enrichit-il votre perspective sur la vie?
Les deux sont communs à mes engagements et se nourrissent l’un l’autre. J’espère pouvoir chanter mes chansons à l’occasion de soirées caritatives et faire partager mes émotions avec le public. Je commence à le faire en cette fin d’année pour l’enfance handicapée. Ma chanson « nos différences »
Le contact avec le public m’enrichit cela me permet de communiquer vraiment mes émotions. J’apprécie les moments d’échanges sur la vie au quotidien autant que les conversations philosophiques
Fabienne, avec du recul, la Télévision et les médias ont-ils changé depuis vos débuts ?
OUI je ne peux pas affirmer que c’était mieux avant mais je peux juste témoigner de l’ambiance fraternelle et filiale qui régnait à Europe 1 ou à FR3 à mes débuts.
On parlait de la maison lorsqu’on allait travailler.
J’ai attendu mes deux enfants lorsque FR3 était encore sur le cours Albert 1er, un petit immeuble devant la Seine. Nous étions moins nombreux par rapport à aujourd’hui à faire ce métier-là. C’est vrai que c’était le début des journaux nationaux sur FR3, tout était à faire et à construire.
J’ai eu une chance inouïe de connaitre cette époque.
Tout était possible quand on avait l’envie, l’énergie, la passion, l’ambition, le désir, la fougue.
C’était un métier magique, il y avait certes l’enjeu de l’antenne, il fallait être opérationnel et professionnel mais ce fut une expérience humaine formidable. Aujourd’hui l’info tourne en boucle toute la journée, avant l’info était un rendez-vous familial. La télévision est un merveilleux outil de communication qui a prospéré, évolué, mais je ne retrouve pas l’identité des débuts. Il est vrai qu’aujourd’hui on est passé à l’internet, l’extranet, le métavers, le numérique, le cable, la fibre et j’en passe ! Il y a tellement de choix et de possibilités que les gens passent leur vie à zapper sans se poser vraiment et sans regarder réellement. Le progrès c’est génial il faut savoir doser
Si vous pouviez donner une prévision météorologique pour la journée basée uniquement sur votre humeur, quel serait le bulletin aujourd’hui?
Que ce soit le printemps, l’été, l’automne ou l’hiver, s’il pleut sur notre terre, c’est pour que nos larmes se confondent avec la pluie lorsque l’on voit la nature meurtrie. Les tempêtes d’aujourd’hui reviendront demain, les inondations et la sécheresse aussi.
Aujourd’hui c’est le nord , demain ce sera le sud, l’ouest et l’est que le vent détruira de ces violentes rafales. Les neiges ne tombent plus en ce mois de décembre et la chaleur dépasse les normes de saisons. Nos montagnes sont tristes à regarder, tandis que les fumées des volcans traversent l’océan. Le ciel laisse encore passer un rayon de soleil, juste pour nous rappeler que chaque jour qui se lève peut être un jour meilleur
Quelle chanson représente le mieux votre humeur du moment?
« Saisons niées » j’ai écrit cette chanson pour parler des changements climatiques avec poésie
Merci Fabienne Amiach pour ce tendre échange, que les nuages se dissipent et que les éclaircies reviennent vite