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“Parcours Artistique et Engagements: Conversation Intime avec SOTHA, Figure Majeure du Café de la Gare”

SOTHA est Auteur, metteur en scène, réalisatrice, scénariste et comédienne. Elle était la fille de l’écrivain Gilbert Sigaux et la sœur du comédien Jacky Sigaux.
SOTHA était l’une des fondatrices du Café de la Gare, un célèbre lieu de théâtre et de comédie à Paris, aux côtés de personnalités telles que Romain Bouteille, Patrick Dewaere, Coluche, et d’autres. Même la nostalgie n’est plus ce qu’elle était, un lieu qui aurait tant de choses à dire si ses murs pouvaient transmettre leurs souvenirs. SOTHA a écrit de nombreuses pièces de théâtre et réalisé des films, en plus de jouer dans quelques productions. Sa vie personnelle a été marquée par des relations avec des personnalités du monde du spectacle, dont Romain Bouteille et Patrick Dewaere. Sur le site de Art Scène Radio, SOTHA évoque ses passions pour le plus grand plaisir de nos lecteurs 

Art Scène Radio : Pouvez-vous nous parler de votre parcours artistique et comment vous êtes devenue Auteur de théâtre, réalisatrice et comédienne?

SOTHA : Mon parcours artistique commence quand j’ai décidé de m’appeler SOTHA, vers l’âge de 14 ans. Pensionnaire au lycée de Compiègne, j’écrivais une sorte de feuilleton pendant les longues soirées d’étude, que les copines se passaient de table en table pendant les cours. Comme mon père, je voulais être écrivain. Puis j’ai pensé devenir réalisatrice et j’ai préparé l’IDHEC dans ce but, mais Raymond Rouleau, pour qui le principal porte-parole du création artistique était le comédien, m’a conseillé d’entrer à la Communauté Théâtrale. Sorte de collectif regroupant toutes les disciplines du théâtre, ce qui m’a conduite du cours de mise en scène au secrétariat du théâtre La Bruyère, où j’ai rencontré Romain Bouteille et Henri Garcin qui répétaient l’Echappée Belle. Devenue accessoiriste de ce spectacle de sketches, pionnier du genre (175 accessoires) j’ai fini par suivre Romain Bouteille qui a lâché l’Echappée Belle en plein succès pour de nouvelles aventures théârales comme régisseuse, assistante, metteur en scène, jusqu’à la construction de premier Café de la Gare rue d’Odessa, en 1969

Je voudrais, une bonne fois pour toutes, faire savoir que je veux continuer ma vie en m’appelant SOTHA, et en étant AUTEUR (E à la rigueur, s’il parait utile de préciser que je suis une fille, ce dont personne n’a jamais douté. De toute façon, au téléphone, on m’appelle monsieur

Art Scène Radio : Quelles ont été vos principales inspirations artistiques tout au long de votre carrière?

SOTHA : La Peinture : Braque paysagiste, Renoir portraitiste, Sculpture Rodin, Cinéma: Les visiteurs du soir, West Side Story, Le cercle des poètes disparus, Pretty Woman, Michel Simon, Brad Pitt, Delphine Seyrig, Shirley Mac Laine, Musique: Barbara, les Beatles, Bach, Glenn Gould, Architecture: Gaudi, les Châteaux de la Loire, Littérature: Asimov, Dumas, Maupassant, Patrick Cauvin, Ed McBain

Vous avez été l’une des figures clés du Café de la Gare. Comment cela a-t-il influencé votre travail artistique et vos relations dans le monde du spectacle?

SOTHA : Ça n’a rien influencé du tout. Je ne suis pas une figure clé, je ne suis pas très influençable (sinon j’aurais été choriste reggae), et pour le public je ne fais pas partie du “monde du spectacle”

Pouvez-vous nous donner un aperçu de votre processus de création en tant qu’ Auteur de théâtre ? Comment trouvez-vous l’inspiration pour écrire vos pièces?

SOTHA : J’ai vécu plus de 15 ans avec une troupe de gens que j’aimais, qui m’ont choisie et que j’ai choisis. Comme Molière, comme Shakespeare, comme tous les gens qui ont eu une “troupe”, Romain et moi avons écrit pour ces gens, en nous servant de tout ce qu’on savait qu’ils pouvaient faire, dont ils ne se doutaient pas eux- mêmes. C’était facile et passionnant. C’est sûr qu’au fur et à mesure de leur éloignement, il m’est devenu de plus en plus difficile d’écrire sans savoir pour qui. Je suis foncièrement pour le théâtre vivant, avec des vivants, qui ne s’arrêtent jamais d’inventer, de changer, qui ne figent rien. L’inspiration est éclectique. Avec une phrase je peux écrire une pièce en 3 jours, surtout si je vois qui va la jouer. Pour un titre, en une semaine. Après la mort de Patrick , j’ai un peu “ramé”. Pas par tristesse, par vide. Et puis c’est reparti. Mais le contexte artistique, lui, a changé. On ne fait plus de théâtre par pur plaisir de jouer, ni de faire jouer. D’ailleurs on ne joue plus. On fait un boulot dans lequel on doit rester bankable

Il ne me semble pas avoir une carrière, mais une existence

En plus d’écrire des pièces de théâtre, vous avez réalisé des films. Pouvez-vous nous parler de votre expérience en tant que réalisatrice et des thèmes que vous avez explorés dans vos films?

SOTHA : Je voulais depuis longtemps faire du cinéma. J’ai tourné des courts métrages, pour m’amuser. Et puis un jour j’ai écrit un long métrage, une histoire très importante pour moi, pour mon “message” pacifiste, écologiste, je pourrais dire “humaniste”. Comme pour nos débuts au Café de la Gare, les comédiens de la troupe devaient donner le ton, l’ambiance, la couleur de cet anti-western, autour d’une poignée de héros. Mais comme il fallait que ce film soit “produit”, j’ai proposé ce film à des gens connus qu’on aimait bien, qui nous aimaient bien, avec qui je rêvais de tourner, et qui tout de suite ont aussi rêvé de tourner avec nous. Mais eux savaient que leur rêve en était un. Moi c’était ma réalité. J’ai donc fait le film sans eux. AU LONG DE RIVIÈRE FANGO

Quels sont les moments ou les œuvres de votre carrière dont vous êtes le plus fière?

SOTHA : Il ne me semble pas avoir une carrière, mais une existence. Peut-être quand j’ai eu le prix du premier roman. 1 minute 30 de fierté environ. Ou quand LE GRAPHIQUE DE BOSCOP (mon 2ème film) est sorti: 37 ans et demi de fierté…Au choix

Vous avez également été scénariste pour d’autres réalisateurs. Comment abordez-vous l’écriture de scénarios pour des films?

SOTHA : Cette partie de mon activité n’a aucun intérêt. Je ne sais pas travailler en collaboration. Sauf que j’ai appris à “couper”. Maintenant je suis championne du monde

Vos relations personnelles avec des personnalités du monde du spectacle, comme Patrick Dewaere, ont-elles influencé votre travail artistique d’une manière particulière?

SOTHA : Oh pas du tout. Etre une personnalité ne me plait déjà pas, alors vivre avec une personnalité, c’est encore pire

Vous avez découvert tardivement vos origines cambodgiennes. Comment cela a-t-il affecté votre identité et votre art?

SOTHA : Je ne les ai pas découvertes tardivement, mais je ne les ai admises que tardivement. Quand j’ai compris que pour rien au monde, je n’aurais voulu d’autre père que celui que j’avais. Mais ce n’est pas pour ça que j’ai pris un pseudonyme. c’est juste que je n’aime pas cette idée du “cercle de famille” obligatoire. Tout ce qui concerne la famille, les fêtes, les papiers, les anniversaires, les mariages, les héritages, les droits (parentaux!), ça m’embête

J’aimerais avoir une grande maison pour la laisser à mes enfants

Pouvez-vous nous parler de votre livre “Vois le ciel, il va pleuvoir” et de son importance dans votre carrière d’écrivain (écrivaine) ?

SOTHA : Pas vraiment. Je voulais faire un roman érotique, mais je n’arrivais pas à écrire les mots qu’il faut. C’est un roman “à clefs” qui se vendrait bien si je mettais les noms. Toutes les maisons d’édition qui l’ont pris ont fait faillite les unes après les autres, mais pas à cause de moi. Tous les gens qui l’ont lu l’ont aimé – des plus divers – sauf un. Mais il est mort peu de temps après m’avoir affirmé qu’il pouvait en écrire un comme ça tous les matins. Bien fait :).  En tout cas, si on veut connaître un aspect de la vie d’une fille des années 70, c’est parfait

Comment voyez-vous l’évolution du théâtre et du cinéma en France depuis le début de votre carrière jusqu’à aujourd’hui ?

SOTHA : Ben c’est comme le réchauffement climatique: ça empire, mais comme on sait que ce sera lent on croit pouvoir laisser la solution aux suivants, et profiter du temps qu’il nous reste à vivre. Sachant que ce sont ceux qui ont l’argent qui tiendront le plus longtemps

J’ai dit à Sacrée soirée que tous les gens “publics” étaient drogués

Y a-t-il des projets futurs ou des rôles que vous aimeriez encore réaliser dans le monde du spectacle?

SOTHA : Non. Je vis au jour le jour. J’aimerais avoir une grande maison pour la laisser à mes enfants, assez grande pour qu’ils puissent y vivre ensemble sans se marcher sur les pieds, et sans s’engueuler.

Pouvez-vous partager des anecdotes ou des souvenirs particuliers de votre carrière qui vous ont marquée?

SOTHA : Joker aujourd’hui. Ça peut me revenir. Ah oui: je suis passée au Zapping pendant un an parce que j’ai dit à Sacrée soirée que tous les gens “publics” étaient drogués.Foucault a sauté en l’air avant que j’explique ce que je voulais dire :)

Comment percevez-vous le rôle des femmes dans l’industrie du cinéma et du théâtre, et quel conseil donneriez-vous aux jeunes femmes aspirant à une carrière artistique ?
SOTHA : Personnellement je ne vois pas de différence entre le rôle des femmes et des hommes dans notre milieu. Ben oui. Je n’ai pas ressenti « l’inégalité ».
Je n’ai pas de conseils à donner aux jeunes femmes, mais aux vieilles, si: Acceptez ce qu’on vous propose, vous êtes assez grandes pour gérer, maintenant.
Quel regard portez-vous sur le monde artistique aujourd’hui?
SOTHA : Désabusé. L’artistique se rétrécit comme une peau de chagrin, le profit profite.
Et si nous parlions de votre actualité et vos projets?
SOTHA : Quand vous voulez !
Pour conclure, quel message ou quelle leçon aimeriez-vous transmettre aux générations futures d’artistes?

SOTHA : On ne peut pas être artiste de façon intermittente. On est artiste, ou on ne l’est pas.

 

 

 

 

 

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