Théophile est un écrivain à succès sur le déclin. Il retrouve enfin son inspiration avec l’écri- ture d’un petit conte poétique et aquatique. Mais l’interprétation du texte par ses proches se révèle cataclysmique : ils s’identifient aux personnages d’oursins, poulpes et autres créatures marines, décelant dans les métaphores des messages cachés. Ce soir, ils se réunissent autour d’un dîner pour régler leurs comptes.
J’ai souvent entendu ceux qui écrivent pour le théâtre me raconter une expérience similaire
: vos proches viennent assister à la représentation d’un texte que vous jugiez parfaitement fictif, mais à la sortie, éclate un joyeux procès d’intentions : l’un est convaincu d’avoir inspiré « votre héros », l’autre « votre monstre », on vous soupçonne d’avoir transposé les répliques d’une dispute à Noël… et votre pièce à priori inoffensive devient malgré vous un règlement de comptes. Je me souviens de ce soir où j’ai recueilli les confidences accidentelles d’un proche : il était sûr qu’une scène faisait référence à un lourd secret dont j’ignorais en réalité tout.
Cette pièce est née de ce miroir magique – ou diabolique – que nous tend celui ou celle, dans le cercle familial, qui emprunte le chemin risqué de l’expression artistique. Théophile, pour la première fois de sa vie d’auteur, écrit sans stratégie commerciale. Il laisse son in- conscient le guider naïvement et se réjouit de partager son petit conte aquatique avec son entourage. Erreur. Plus la métaphore est onirique, peuplée de poulpes, sirènes et berniques, plus elle favorise l’interprétation ! Tous s’estiment attaqués et se sentent obligés de répliquer.
Et s’ils avaient raison au fond ? Pour un auteur, laisser libre cours à son inconscient conduit peut-être fatalement à mettre en lumière des non-dits et secrets inavouables que notre confort préfère ignorer ? Théophile lui-même finit par se reconnaitre dans la crise existentielle que traverse son bigorneau…
Ce qui me réjouit en tant que spectatrice, au-delà de l’oeuvre, ce sont les discussions et remises en questions qu’elle provoque, qu’elle soit une matière à échanges plutôt qu’un objet figé qui mettrait tout le monde d’accord. Les interprétations délirantes et révélations cataclys- miques qu’engendre le conte poétique de Théophile sont surtout, malgré les secousses, celles qui le ramènent à la vie !
Léonore Confino
« L’EFFET MIROIR »
AU THEATRE DE L’ŒUVRE
A partir du 12 octobre jusqu’au 23 décembre 2023
Du mercredi au samedi 21h00 et dimanche à 18h00
Une pièce de : Léonore Confino
Mise en scène : Julien Boisselier
Comédiens : Caroline Anglade, Éric Laugérias, Jeanne Arènes, François Vincentelli
Relation presse : Guillaume Andreu
Production : Théâtre de l’Oeuvre, Red Velvet Production et Ki m’aime me suive