À notre époque, nous l’aurions appelé “le mytho”. Je dois avouer que j’ai une préférence pour le Grand Siècle, celui des Lumières, situé entre le XVIIᵉ et le XVIIIᵉ siècle, caractérisé par l’excès de liberté, de subtilité et de raffinement, par l’élégance et la préciosité. Ce siècle est également marqué par le style baroque venu d’Italie.
La pièce Le Menteur est la dernière comédie baroque de Corneille, représentée en 1644 au Théâtre du Marais. Elle eut un grand succès à l’époque. Cette comédie est basée sur la pièce espagnole La verdad sospechosa (La Vérité suspecte) de Juan Ruiz de Alarcón.
Elle met en scène Dorante, un personnage baroque par son inconstance, sa recherche de mouvement permanent, son talent d’acteur et son incroyable capacité à adapter son discours aux différentes situations, sous le regard effaré de son valet Cliton. Cinq personnages évoluent dans un décor à transformation, dans l’espace réduit du Théâtre de poche. La mise en scène de Marion Bierry et ses comédiens insuffle une dimension d’extravagance qui rend l’imaginaire infiniment grand, nous transportant dans un Paris faste, vaste et exubérant. La pièce est joyeuse et entraînante, et la troupe a dépoussiéré l’œuvre de Pierre Corneille en apportant extravagance et fantaisie aux personnages.
Dorante est déjanté, fougueux, volage et frivole. Il est, dans le langage actuel des jeunes, un « charo » avec un léger grain de folie, une liberté dans le mouvement et l’expression, comme l’exige le théâtre baroque. Il entraîne le public dans une cascade de mensonges détonants, accompagné de son fidèle valet Cliton, interprété par l’excellent Benjamin Boyer (La Veuve de Pierre Corneille, Brexit sentimental de Michael Sadler). Les comédiens sur scène insufflent à la pièce énergie, espièglerie et modernité, notamment à travers quelques références musicales que je préfère vous laisser découvrir. Sans flagornerie, Le Menteur, revisité avec brio, est une franche réussite à voir absolument au Théâtre de poche.
Résumé :
Alors qu’il vient de terminer ses études, Dorante revient à Paris, bien résolu à profiter des plaisirs de la capitale. En compagnie de son valet, il rencontre deux jeunes coquettes aux Tuileries et s’invente une carrière militaire pour les éblouir. S’ensuit un imbroglio diabolique mêlant jeunes femmes, père et ami. Faisant fi de l’honneur, des serments d’amitié et d’amour, Dorante s’enferre dans un engrenage de mensonges qui déclenche d’irrésistibles quiproquos. Les jeunes femmes n’étant pas en reste de supercherie, on se demande qui sera le vainqueur de ce jeu de dupes. Ce chef-d’œuvre en alexandrins ramène sur scène le joyeux et brillant Corneille, auteur de l’Illusion comique.
LE MENTEUR
Lieu : Théâtre du Girasole
Dates : Du 2 au 21 juillet (relâche le lundi)
Horaires : 11h45
Durée : 1h35
Genre : Classique revisité
Distribution : De Corneille, adaptation de Marion Bierry. Avec Alexandre Bierry, Stéphane Bierry, Benjamin Boyer, Marion Lahmer, Mathilde Riey et Yan Tassin.