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J’étais partie pour chanter, j’ai déchanté…

À toi Katia Bengana, 17 ans, sauvagement assassinée pour avoir refusé de porter le voile, à toi Amel Zenoune 22 ans étudiante en droit, égorgée elle aussi, elle descend  digne du bus arrêté lors d’un faux barrage de gendarmerie, elle savait à ce moment précis que sa vie s’arrêterait ce jour là 

Je rends hommage à toutes les femmes qui se battent contre le fanatisme qui s’exporte dans l’ignorance. Je rends hommage à ces résistants des temps qu’on refuse d’être « modernes », je rends hommage à ceux qui refusent de se mettre à genoux pour rester vivant, je rends hommage à ceux qui ont perdu la vie pour demeurer LIBRES À JAMAIS

“Je vais t’aimer est une histoire originale autour des plus grands succès de Michel Sardou : des chansons iconiques et des textes d’une grande modernité. Elle raconte les destins croisés de 6 jeunes français sur plusieurs décennies, des années Kennedy à nos jours et sur fond d’images d’archives.

Le Québecois Serge Denoncourt, metteur en scène et auteur, raconte l’histoire de gens qui changent dans un monde qui change…L’un des protagonistes s’appelle Thomas, il incarne la colère syndicale des marins du paquebot Le France, il interprète avec passion “J’accuse”.

Moi aussi j’accuse …Je vous dis pourquoi

J’aime depuis toujours les chansons de Sardou, ses positions parfois incisives et controversées mais courageuses ! Je ne m’attendais pas en revanche à ce que la deuxième partie du spectacle Je vais t’aimer soit politisée

J’ai apprécié la première partie, baignée dans les années 60 où il faisait bon vivre, les femmes se libéraient du joug patriarcal;  Il est indéniable que l’équipe du spectacle  a intelligemment  pris soin de choisir les titres les plus pertinents pour faire vivre les personnages et l’intrigue sur scène. L’histoire s’annonçait poétique, les chansons de Sardou ont traversé le temps. Le spectacle a pour habitude de nous transporter, et ce fut largement le cas dans la première partie de la comédie musicale

« Cernées d’un silence absolu » Chantait Michel Sardou en 1986, « C’est un cri, c’est un chant. C’est aussi la douleur et le sang. Toutes les fureurs qu’elles portent en elles. La peur des hommes, la peur du ciel », en 2022, les choses n’ont pas tellement évolué pour les femmes musulmanes, bien au contraire

 C’est pourquoi cette deuxième partie m’a posé problème à titre personnel, celle-ci  s’est noyée dans la démagogie, je n’ai pas su trouver de liens entre la chanson de Sardou  «Musulmanes», sortie en 1986 et cette volonté de la production d’exporter le voile islamique lors du voyage de Thomas, un des personnages autrefois syndicaliste, révolutionnaire et rebelle dans les années 70

J’aurais espéré que le voile islamique des frères musulmans ne voyage pas en famille sur ce paquebot. LE FRANCE, symbole de la république prend le large est se noie à la fin, ce voile qui cache les cheveux de la mère et de sa jeune fille n’avait à mon sens nullement sa place dans l’histoire

Je n’ai trouvé personnellement aucun intérêt à ce prosélytisme dans un spectacle musical comme celui ci, il n’apporte rien à l’histoire racontée dans cette comedie musicale et encore moins au chansons réputées engagées de Michel Sardou . Suis-je  passée à côté du message subliminal voulu par les auteurs du spectacle? Est-ce lié à ma propre histoire?

Je viens d’Algerie ou des femmes ont été massacrées parce qu’elles ont refusé cet accoutrement imposé par des hommes aux idées moyenâgeuses. 

Dans l’histoire Thomas part à Ghardaia, épouse une Algérienne et ils ont une fille ! Dans le spectacle tout est beau, il lui chante je vais taimer .. Dans la réalité une femme n’a pas le droit d’épouser Thomas, l’enfant né de cette union n’est pas reconnu, et leur mariage non plus

Sardou est l’évidence Française, j’ai croisé une toute autre évidence, en deuxième partie du spectacle, celle-ci est  bien moins glorieuse pour la république et pour les femmes 

Pardon de manquer d’indulgence, de tolérance et d’ouverture  avec la religion lorsque celle-ci manque de foi.
Pardon d’avoir ce recul et de donner mon avis sur ce que j’ai déjà vécu, je connais le chemin et je refuse de le traverser à nouveau

Pardon d’être intransigeante lorsqu’on amadoue la liberté pour mieux la bâillonner, je devine le mensonge lorsqu’il se déguise, je ne suis pas née de la dernière pluie avec ceux qui appliquent la politique de la terre brûlée

Pardon de manquer d’ouverture, il est vrai que lorsqu’on on quitte sa patrie pour mieux respirer, pour mieux aimer, pour mieux vivre, on devient un tantinet claustrophobe.
Que ceux qui n’ont jamais rien quitté pour être libre se taisent d’humilité

Hommage à Katia Bengana,  17 ans

 

 Tant que les lions n’auront pas leurs propres historiens, les histoires de chasse ne raconteront que la gloire des chasseurs…
Proverbe africain