Directeur Artistique au Théâtre du gymnase marie bell, Auteur, metteur en scène, Dominique Coubes nous fait l’honneur de répondre à quelques questions liées à son parcours artistique Au Passage Des Artistes.
Bonjour Dominique, bienvenue sur notre web magazine, Comment t’es-tu retrouvé dans le monde du Théâtre et du spectacle ?
En 2002, durant la préparation du film « 7 ans de mariage » que j’ai écrit avec Nathalie Vierne, Monsieur Bertin, le propriétaire du Théâtre du Gymnase m’a permis de m’installer dans l’un de ses bureaux. J’y suis toujours ! Après la sortie du film, je me suis de plus en plus intéressé au théâtre au point d’abandonner le cinéma.
Tu collabores six années avec Didier Bourbon, comment tout a commencé ?Dans les années 2000, j’écrivais déjà, je fréquentais des comédiens et autres metteurs en scène d’ou ma rencontre avec Didier Bourdon…. Nous nous sommes tout de suite parfaitement entendus et plus quittés durant plusieurs années.
Comment est-il dans le boulot -Didier Bourbon
C’est un très grand comédien …. Travailler avec lui en tant qu’auteur a été un apprentissage formidable. Il sait tout joué … il peut aller très loin …. Pour le scénariste à ses côtés, c’est très efficace afin de parfaire son écriture. Un bon comédien qui joue tout le texte, toutes les situations fait évoluer le scénario vers l’essentiel … on peut rayer, retirer, gommer, être moins informatif, moins « racontar ». Au niveau de l’écriture, Didier m’a fait gagner des années. Au niveau mise en scène, ça été une grande chance de pouvoir être à ses côtés… En le regardant travailler, j’ai compris l’essentiel, j’ai acquis les données fondamentales indispensables à une bonne mise en scène …. mais j’ai surtout compris qu’il ne faut jamais s’aventurer avec des comédiens sans talent
Auteur et metteur en scène, directeur Artistique…d’autres cordes à ton arc ?
Je mène les trois de front, mes journées sont longues. Au niveau de la direction artistique, c’est à dire la programmation du théâtre du Gymnase, je travaille depuis plus de 15 ans avec M Bertin, son directeur. Je lui soumets tous les projets, la décision finale lui appartient …. nous sommes à quelques exceptions près toujours d’accord. A lui aussi, je dois beaucoup, il m’a fait débuter au théâtre puis, toujours suivi mon travail d’auteur et de metteur en scène y compris sur des sujets difficiles.
Mon travail d’auteur est celui que je préfère … j’en use et abuse tous les jours depuis une vingtaine d’années.
Concernant la mise en scène, j’en accepte très peu. C’est très chronophage d’autant que je suis présent à toutes les représentations. Pour dire oui, il faut que je sois emballé par le texte et les comédiens … Ma dernière, UN JOUR J’IRAI A DETROIT a été une rencontre formidable avec un texte et ses auteurs comédiens STOMY et DAVID DESCLOS. Mes ‘ « indiens » ! On a beaucoup travaillé, avec peu de moyens … pas d’affichage, costumes et accessoires au rabais, le décor manque un peu de stabilité … mais la pièce existe et ce qui est joué dans ce décor tremblotant est juste, sincère, vrai et parfaitement incarné…. Qui dit mieux ? Voilà, c’est des entreprises comme celle-ci qui allume ma vie artistique. J’ai fait des mises en scène dans les Zénith et autres grande machinerie ou la technique dépasse souvent l’artistique…je n’en fais plus, je n’en ferai plus !
Je prépare aussi le seul en scène de Fréderic Deban: un homme, sa souffrance, ses batailles, son impatience, sa folie, notre folie. Allez voir FOUAD c’est un artiste complet avec lequel, j’ai aussi beaucoup travaillé, il est mon ami.
Voilà, il faut que je prenne du plaisir avec tous ses artistes, nous n’avons pas toujours rencontré le succès financier mais toujours artistique. Au niveau relationnel, je n’ai rencontré que fraternité … avec eux, j’irai « au bout du bout de la scène ». En cette période de confinement, ils me manquent.
« Les Fantômes de la rue papillon » magnifique pièce sur un sujet universel, traité avec humilité humour sur la scène du Théâtre du Gymnase dont tu es le directeur artistique, comment est née cette belle histoire ?
C’est une pièce personnelle qui m’a pris plusieurs années d’écriture. Elle m’a d’avantage rapproché de l’histoire de ma famille dont je ne sais pas tout notamment des événements qu’ils ont vécus durant la période de l’occupation Allemande. … Je suis rentré au plus près de leur vie de pourchassés, « de montrés du doigt », d’indésirables pour la majorité de la population. J’ai voulu rapprocher cette tragédie des humiliations que vivent certaines minorités aujourd’hui…. Et voilà sont nés LES FANTOMES DE LA RUE PAPILLON et son message de paix entre tous les hommes quels qu’ils soient avec leurs différences quelle qu’elles soient. Durant les répétitions, le travail avec les deux comédiens Michel JONASZ et Samy SEGHIR a été un grand moment. Ils ont participé activement à l’évolution et à la simplification de la pièce pour s’approcher au plus près de ce que je voulais voir. Cette pièce on l’aime ou on ne l’aime pas mais elle est raconte ce que je pense au plus profond de moi. Je n’en raconterai pas plus, elle reprend à Paris dès que les théâtres revivront et elle sera au CHENE NOIR à Avignon.
Quelle est la recette d’une bonne pièce de Théâtre selon toi ?
Au-delà des fondamentaux de l’écriture communs à chaque pièce : Au début, description des personnages, que veut le ou les personnages principaux ? (enjeu de la pièce) comment il surmonte les difficultés pour arriver à son but ? (action et rythme) enfin arrive t il a atteindre son but (message de la pièce), je ne connais pas de recettes.
Il y a plusieurs catégories de pièces, comme il y a plusieurs types de musiques. Nous n’écoutons pas les mêmes choses, nous ne regardons pas les mêmes films. Une bonne pièce est probablement celle qui trouve son public. Certains espèrent faire complet tous les soirs et quelques fois plusieurs fois par jour… ils peuvent rassembler des centaines de milliers de spectateurs. La rumeur dans le métier se déchaine négativement ! Est-ce de mauvaises pièces ? Sans mettre de côté le choix d’une grande majorité des spectateurs, on ne peut répondre que NON. Un théâtre plus intimiste risque de jouer que devant quelques spectateurs chaque soir. Le manque de fréquentation n’en fait pas une mauvaise pièce ni une bonne d’ailleurs. Pour ma part, je pense qu’une pièce qui tient en haleine ses spectateurs quel que soit leur nombre dans la salle est à considérer comme une bonne pièce. Je considère qu’une pièce qui « fait torde de rire » le public est une bonne pièce tout comme celles qui le fera pleurer à chaudes larmes ou d’autres qui leur racontent une belle histoire. Dans tous les cas c’est toujours le public qui décide et lorsqu’il dira à un autre public d’aller voir ce qui il a vu…. C’est gagné, nous avons de grandes chances de voir une bonne pièce
Dominique quel regard portes-tu sur le Théâtre d’aujourd’hui ?
Il y a d’excellents producteurs, diffuseurs, auteurs, metteurs en scène et comédiens. Tout est là pour avoir un théâtre diversifié d’exception. Une fois les pièces montées, ce qui représente déjà beaucoup d’argent, les recettes de chaque représentation devraient venir équilibrer les comptes et ainsi, tous les protagonistes seraient justement rémunérés. Ce n’est vrai, et encore, que pour les pièces qui affichent un casting de comédiens dit « bankables ». Pour les autres, à Paris, et à quelques exceptions près, les recettes ne couvrent que très rarement les charges ! Je pèse mes mots : TRES RAREMENT !
Il faut dire que nous sommes entrés dans l’ère du « théâtre low coast ». Pire, à Paris, en étant inscrit sur les sites de « revente », les spectateurs peuvent aller voir la plupart des pièces pour zéro euro.
Nous sommes le seul métier ou « le client » peut ne peut pas payer ce qu’il est sensé acheter : une place de théâtre ! Tout le monde ferme les yeux ! Il serait temps que nous nous mettions tous autour de la table…si nous voulons sauver le théâtre.
« Sur le sujet j’ai mille choses à dire et ce serait trop long ici…en revanche je veux bien participer à un débat »
Comment vis-tu le confinement ? sera-t-il à l’origine de beaux projets artistiques?
Je travaille moins, ça me repose. Je réfléchis au casting de ma prochaine pièce : OTAGE. J’écris, je suis revenu à mes premiers amours, le cinéma. J’écris donc un long métrage pour le cinéma.
La première des choses que tu feras en sortant du confinement?
Retrouver ma vie au théâtre du Gymnase et je t’assure qu’elle est aussi variée que formidable.
J’en suis convaincue…
Merci Dominique, à très vite sur un fauteuil au Théâtre
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