DARWIN FACTORY est un seul en scène qui vous emporte ailleurs. C’est un plongeon dans l’ambiance sombre et humide de l’arrière-boutique d’un vieux showman.
C’est une cage grandeur nature s’imposant sur la scène et retraçant la captivité insupportable qui motiva ce désir d’humain.
C’est le récit raconté avec truculence de ce parcours qui a mené un singe de ses chères forêts luxuriantes du Ghana jusqu’aux lumières salvatrices du spectacle vivant.
C’est l’exposition en plusieurs tableaux de son choix de devenir humain, puisque c’est un choix, assumé, et abouti. C’est la démonstration d’une formidable capacité d’adaptation qui va permettre à la bête d’accéder au statut d’humain.
C’est l’histoire d’une ascension sociale, d’une réussite étonnante, mais non bercée d’illusion sur la considération dont on fait l’objet lorsqu’on est différent.
C’est un plaidoyer pour l’affirmation consciente de sa différence
NOTE D’INTENTION
Tout a commencé par une lecture adolescente de “La métamorphose” de Franz Kafka dans une édition qui comportait, entre autres, un texte plus court “Rapport pour une académie”. Ce texte décrit un singe exposant devant des académiciens le chemin qu’il a parcouru pour réussir à devenir un homme afin d’échapper à sa captivité, et comment il considère cet aboutissement d’être désormais humain.
On a ici l’exemple d’une métamorphose comme dans la nouvelle éponyme, mais cette fois-ci elle est en quelque sorte inversée par Kafka.
Si dans « La métamorphose » un humain se réveille involontairement en insecte monstrueux et est victime du rejet fatal de ses proches, dans « Rapport pour une académie » le cheminement du singe pour arriver à devenir humain est volontaire et explicité.
Ce qui m’interpella à l’époque est encore totalement d’actualité. Ainsi, quand des années plus tard, j’ai eu le désir de porter un texte sur scène, seul pour la première fois, je suis revenu à Kafka et son « Rapport pour une académie ».
Toutefois, mon besoin d’approfondir certains aspects évoqués par Kafka ne pouvaient pas se suffire de l’oeuvre originale. J’ai donc décidé d’en faire une réécriture complète, en gardant la trame originelle tout en y insufflant les compléments qui me tenaient à coeur.
Décliner la manière dont quelqu’un de particulier va s’infliger, et supporter, les pires choses pour s’insérer dans une société standardisée en gommant son identité initiale tout en s’en construisant une autre, le rapport du pouvoir et de l’argent sur autrui, la différence entre les êtres, la liberté individuelle et ses limites sont parmi les aspects que j’aborde, rejoignant il me semble la réalité d’aujourd’hui.
Mais ce n’est pas seulement la métamorphose d’un esprit qui est évoquée, c’est aussi celle d’un corps. La dimension corporelle est donc également présente, s’appuyant sur une scénographie soignée qui fait évoluer le personnage dans un univers sombre et décalé, au travers d’une mise en scène inventive.
David Levet
Auteurs
Interprètes / Intervenants
- Metteur en scène : ANAIS GABAY, JEROME TOMRAY
- Interprète(s) : DAVID LEVET
- Régisseuse : AGATHE CALDINI
DARWIN FACTORY
Au théâtre Pixel Avignon,
jusqu’au au 31 juillet à 15h