Anne Richard est une actrice et conteuse suisse qui a grandi dans une famille où l’art n’était pas initialement au centre des préoccupations, mais où sa mère jouait un rôle crucial dans son éveil Théâtral. Dès son enfance, elle a développé un amour pour le spectacle vivant, influencée par les petites pièces que sa mère écrivait pour elle et son frère. Après une longue carrière marquée par des rôles variés au cinéma, au Théâtre et à la télévision, celle-ci nourrit aujourd’hui le rêve de jouer dans une grande saga et explore avec passion le monde des contes pour enfants, pour lesquels elle a publié plusieurs albums. Anne Richard est également reconnue pour son engagement dans des projets historiques, notamment la pièce « Rentrée 42 », où elle aborde des thèmes graves avec finesse, tout en apportant une touche d’humour. Son parcours est marqué par une quête constante d’émotions vraies, que ce soit sur scène ou dans ses récits pour les plus jeunes. Retrouvez Anne Richard en interview sur le web magazine de Art Scène Radio
– L’INTERVIEW –
Anne Richard
Djazia Ahrénds- Benhabilés: Bonjour Anne Richard. Vous avez grandi dans une famille éloignée du milieu artistique. Comment votre environnement familial, et en particulier l’engagement de votre maman dans le bénévolat, a-t-il influencé votre sensibilité en tant qu’actrice et conteuse ?
Anne Richard: Ma maman m’a surtout initiée au théâtre, elle nous écrivait à mon frère et moi des scènettes que nous jouions devant le sapin de noel. Puis à l’école, elle m’avait écrit une adaptation de la petite fille aux allumettes, que je jouais avec délectation, j’aimais déjà émouvoir, je devais avoir 7-8 ans. Maman a été le déclencheur, de mon âme d’actrice. Mon frère Jean-marc est devenu animateur de radio et télévision et ma cousine Françoise: violoniste. Finalement notre génération, nous sommes tous dans le milieu artistique…
Après une longue carrière sur scène, à l’écran et en tant que narratrice, y a-t-il un projet ou un rôle que vous n’avez pas encore exploré et qui vous attire particulièrement aujourd’hui ?
Oui il est vrai j’ai été très gâtée par de magnifiques rôles à l’écran, je suis toujours dans le désir de tourner, je rêve d’une saga afin de pouvoir faire vivre un personnage sur plusieurs époques, je trouve fascinant de pouvoir accrocher le public sur plusieurs saisons et au théâtre tout, j’ai envie de tout! Une comédie, un classique, tout. J’ai une envie de planches !
Avec quel comédien(enne) rêveriez vous de jouer un jour ?
Il y en a tant! Si j’ose rêver: Tom Hanks, Leonardo di Caprio.(mais je risque d’être si impressionnée par le talent fou!). Côté Français: Pierre Niney, Sarah Giraudeau, à nouveau André Dussolier, …. la liste est infinie
Y a-t-il un moment drôle ou inattendu qui vous est arrivé sur un tournage ou sur scène ?
Des fous rires irrépressibles avec mon acolyte Jean-François Balmer! Tant! Au point de devoir refaire le maquillage!
Vous avez également une passion pour les contes et les histoires pour enfants, avec plusieurs albums et livres-CD à votre actif. Qu’est-ce qui vous a poussé à vous orienter vers ce genre de narration et que représente pour vous l’art de raconter des histoires aux plus jeunes ?
Le hasard, un ami chef Suisse Blaise Héritier m’a proposé de lire en concert Pierre et le loup et il souhaitait compléter par une autre musique et cherchait un auteur pour écrire un conte, il a cru en ma capacité d’écriture. Je m’y suis essayée, et j’ai écrit pour lui plusieurs contes-concerts. En sortant du spectacle les gens nous demandaient où ils pouvaient trouver le texte. C’est ainsi qu’on a eu l’idée dans faire des livres CD. J’aime écrire pour les petits, ils ont cette capacité de plonger dans un univers et d’y croire. C’est un vrai bonheur, c’est une aventure incroyable avec toute mon équipe à la création musicale, Maryse Bonnet et mes illustrateurs. Aujourd’hui je viens de terminer un petit roman jeunesse que j’adapte en comédie musicale!oujours la musique!
Avez vous déjà refusé un rôle ? Pour quelle raison ?
Oui une fois, cela m’a marqué. J’avais joué le rôle d’une femme violée dans « le secret de Marion » (le juge est une femme, TF1) Le film avait eu beaucoup de succès et le réalisateur préparait un autre film où il avait un petit rôle de femme violée, un petit personnage qui racontait son traumatisme. J’ai refusé de le faire, ne voulant pas refaire la même chose et dans la peur de le décevoir. J’ai regretté car ce réalisateur a beaucoup tourné après et je n’ai plus eu l’occasion de travailler avec lui.
La pièce « Rentrée 42 : bienvenue les enfants » se déroule en 1942, sous le régime de Vichy. Comment avez-vous préparé ce rôle dans un contexte historique aussi lourd, et en quoi le message de résistance des institutrices résonne-t-il avec notre époque actuelle ?
Comme chaque rôle que j’aborde, je me documente, je lis, je visionne, je m’imprègne, c’est une des parties les plus passionnantes de la création d’un rôle. Trouver la vérité du personnage c’est se plonger dans une époque et se mettre à la place de et faire des parallèles. Oui aujourd’hui dans le monde des enfants sont encore raflés, arrachés à leur parents, et notre pièce résonne aujourd’hui avec certains discours extrêmes. Le risque que cela se reproduise est malheureusement là!
La pièce aborde des thèmes graves comme la guerre, la résistance, et l’éducation, mais avec une touche d’humour noir. Comment parvenez-vous à équilibrer ces émotions contrastées sur scène pour rendre hommage aux héroïnes sans tomber dans le pathos ?
L’écriture de Pierre-olivier Scotto est merveilleuse pour cela, il arrive à faire rire et à émouvoir en même temps. Et parce qu’il y a du rire on ne tombe pas dans le pathos. Et je crois profondément que lorsque l’on est vrai, juste, on touche les spectateurs, là où il faut!
Cette fable réaliste parle du courage de femmes ordinaires face à des circonstances extraordinaires. Qu’est-ce qui vous a le plus touchée dans cette histoire ?
Ce qui m’a bouleversé dans cette pièce quand je l’ai lu, c’est ce choc de l’absence des enfants. Jamais je ne m’étais posée la question: les écoles, les rues, les appartements, les quartiers vides! sans plus personne. Comment les gens ont réagit? Quel choc! Et de se poser la question: qu’est ce que j’aurais fait moi? Chaque personnage apporte une réponse avec ses opinions, ses croyances, ses secrets.
Pour quelles raisons conseilleriez vous à nos lecteurs de venir voir « Rentrée 42 : bienvenue les enfants » à la comedie Bastille ?
Pour venir rire, pleurer et redécouvrir une tranche d’histoire sous un tout autre angle, l’école! Pour se retrouver dans les saveurs d’une petite école élémentaire, avec ses maitresses, ses cahiers et ses craies, son concierge et son inspecteur. C’est aussi une pièce sur l’enseignement, l’éducation, une ode aux instituteurs!
Rentrée 42 : bienvenue les enfants
Comédie Bastille
À partir du 19 septembre 2024 – 21h00
RÉSUMÉ
Quatre institutrices se retrouvent à préparer la rentrée scolaire de 1942 et un évènement inattendu va remettre en cause leur métier d’enseignante ! Quatre institutrices d’une école parisienne du 11ème arrondissement se retrouvent pour préparer la rentrée scolaire de 1942. Un évènement inattendu va remettre en cause leur métier d’enseignante et va faire naître leur habileté à résister !
Suivez l’enquête de ces héroïnes du quotidien, dans la France du régime de Vichy. Sans jamais céder au désespoir, avec courage et une pointe d’humour noire, elles se battent pour les enfants, pour l’enseignement, pour la justice… Pour l’humanité. Cette fable réaliste nous invite à ne jamais oublier
Palme du Meilleur Spectacle du Festival d’Avignon 2023
Artistes : Anne Richard, Isabelle Andréani, Emilie Chevrillon, Fanny Lucet, Dominique Thomas, Michel Laliberté
Metteur en scène : Xavier Lemaire
Photographe: Céline Nieszawer