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Christine Boisson : Une carrière de lumière et d’audace s’éteint

Christine Boisson s’est éteinte à l’âge de 68 ans, emportée par une maladie pulmonaire ce 21 octobre 2024 à Paris. Actrice à la carrière marquée par l’audace et la grâce, elle a traversé le cinéma français comme une étoile singulière, laissant derrière elle une empreinte indélébile.

Découverte à l’âge de 17 ans par le réalisateur Just Jaeckin pour le rôle de Marie-Ange dans le film Emmanuelle, elle devient rapidement une figure incontournable des écrans des années 1970. Toutefois, la jeune actrice refuse rapidement de se laisser enfermer dans l’image de femme-objet que ses débuts pouvaient suggérer. En quête de profondeur, de complexité, elle fait le choix courageux d’intégrer le Conservatoire national supérieur d’art dramatique, dont elle sortira diplômée en 1977. Ce passage au Conservatoire marque un tournant décisif dans sa carrière, révélant une femme artiste exigeante, à l’intensité dramatique rare, toujours prête à repousser les limites de son art.

Christine Boisson incarne une génération d’actrices qui, à l’instar de Jeanne Moreau ou Delphine Seyrig, ont su échapper aux rôles faciles et affirmer leur singularité. Avec des réalisateurs aussi illustres que Michelangelo Antonioni (Identification d’une femme), Alain Robbe-Grillet (Le Jeu avec le feu), ou encore Olivier Assayas (Une nouvelle vie), elle a su insuffler à ses personnages une force intérieure qui fascine

Crédit photo : François Marquet

Elle n’a jamais cessé d’explorer la richesse de son jeu, tant au cinéma qu’au théâtre, où elle a prêté sa voix à des œuvres majeures sous la direction de metteurs en scène comme Roger Planchon ou Pierre Vial. Elle illuminait la scène avec la même ardeur que devant la caméra, trouvant dans le théâtre une liberté et une vérité brute

Son talent se décline en une cinquantaine de films, aux côtés de figures emblématiques du cinéma français, parmi lesquelles Claude Lelouch (Il y a des jours et des lunes), Yves Boisset (Radio Corbeau), ou plus récemment Maïwenn (Le Bal des actrices). Jusqu’à la fin, elle a su surprendre et émouvoir par son jeu à fleur de peau, sa sensibilité à vif. La scène et l’écran perdent une étoile, une femme rare, guidée par l’intégrité de son art et un profond respect pour ses engagements personnels.

Au-delà de l’actrice, Christine Boisson était une femme engagée, de convictions fortes, qui n’hésitait pas à prendre position pour des causes qui lui tenaient à cœur. Signataire de tribunes engagées, elle soutenait les mouvements sociaux comme celui des Gilets jaunes et défendait avec force la présomption d’innocence dans un monde médiatique parfois impitoyable.

Aujourd’hui, Christine Boisson rejoint les étoiles, laissant derrière elle une œuvre empreinte de grâce et de courage. Elle restera dans nos mémoires comme une femme de cœur, d’une rare intensité, qui a su donner à son métier une profondeur sans compromis. Que l’on se souvienne d’elle avec tendresse, comme sa fille Juliette l’a si bien dit, car elle était avant tout une actrice gracieuse, une étoile de la scène et de l’écran.