La nouvelle comédie historique de Dan Harel, mise en scène par Bernard Bitan, « Le Barman de l’Île », offre au spectateur un cocktail improbable mais irrésistible de personnages historiques, réunis dans un lieu tout aussi énigmatique : un bar hors du temps. C’est ici que le général Charles de Gaulle, éreinté par les préparatifs de son célèbre appel du 18 juin, se retrouve face à une galerie de figures illustres telles que Victor Hugo, Napoléon, Bob Marley, et Marlène Dietrich. Si l’idée paraît au premier abord farfelue, la pièce réussit à fusionner habilement humour, histoire et réflexion sur le destin et les moments de bascule.
La force du texte réside dans la réinvention audacieuse de l’Histoire, où les dialogues décalés permettent aux spectateurs d’appréhender sous un nouveau prisme les grandes figures du passé. Harel ne se contente pas de convoquer des fantômes historiques pour une réunion d’ego. Au contraire, chaque personnage trouve dans cet espace suspendu une occasion de revisiter ses propres convictions, ses erreurs et, surtout, d’influencer de manière subtile — ou pas — le futur discours de De Gaulle, qui devient ici le point d’ancrage dramatique et symbolique de la pièce.
Bernard Bitan, fidèle à sa réputation de metteur en scène rigoureux, orchestre ce tourbillon de rencontres avec finesse et légèreté, évitant l’écueil d’une caricature grossière. Les scènes s’enchaînent avec fluidité, jouant sur les contrastes entre les registres de langage et les époques. Le Barman, personnage central et mystérieux, interprété avec justesse, crée un fil conducteur essentiel : tantôt blagueur, tantôt philosophe, il distille des vérités tout en déjouant les attentes. Il devient l’épicentre d’un récit qui déroute et fascine.
La réussite de « Le Barman de l’Île » tient à sa capacité à naviguer habilement entre la fantaisie pure et une réflexion plus profonde sur l’héritage de l’Histoire. La confrontation entre ces figures emblématiques ne se limite pas à des échanges d’idées ou de punchlines. Elle interroge, avec un humour souvent subtil, la manière dont les grands événements se tissent à travers des personnalités hors du commun, mais aussi les hasards, les circonstances inattendues, et les dialogues invisibles qui façonnent nos sociétés.
La distribution sert avec brio cette mise en scène haute en couleurs. Les acteurs réussissent à donner corps à des personnages historiques tout en insufflant une part de modernité à leurs rôles, déjouant ainsi le piège d’une reconstitution rigide. Mention spéciale à l’interprète de De Gaulle, qui parvient à équilibrer gravité et dérision, offrant au spectateur un regard intime sur un homme à la veille de marquer l’histoire du XXe siècle.
En somme, « Le Barman de l’Île » est une pièce surprenante, pleine de charme et de subtilité, qui saura séduire aussi bien les amateurs d’histoire que les passionnés de théâtre. Par sa mise en scène inventive et son texte à la fois léger et profond, elle offre un moment de réflexion joyeuse sur le destin, les rencontres et la manière dont les idées circulent au-delà des époques. Un rendez-vous à ne pas manquer à partir du 30 octobre.
Le barman de l’île
La Scène Parisienne – Salle 1 – Paris
A partir du 30 octobre 2024
les mardis, mercredis et jeudis à 19h30
Équipe :
Auteur : Dan Harel
Artistes : Pierre Jouvencel, Pierre Deny, Angelo Pattacini, smadi Wolfman, Bernard Bittan, Fabien Floris
Metteur en scène : Bernard Bitan
Relation presse : Pierre Cordier – Pc Presse
LOC : 01 40 41 00 00 – www.lasceneparisienne.com