Alexandra Sarramona est une artiste aux compétences variées, incluant l’escrime, l’équitation, le combat scénique et la danse. Elle a remporté le titre de Championne de France de Gymnastique. Son parcours artistique englobe le cinéma, la télévision et le théâtre, avec des participations dans des productions telles que “Irma Vep Serial” et “Ma vie en l’air”. Elle a également joué dans des pièces de théâtre comme “Garde alternée” et “Soupe Miso”. Elle incarne actuellement Rose Valland sur le scène du Théâtre La Boussole.
Art Scène Radio: Alexandra, votre parcours artistique est impressionnant, avec des compétences en escrime, équitation, danse, chant, et bien plus encore. Comment avez-vous réussi à développer autant de talents différents ?
Alexandra Sarramona: commencé la Gymnastique à l’âge de 6 ans et très vite détectée pour rentrer en sport étude. Puis une carrière de 10ans dans le sport de haut niveau. La danse est une continuité avec la gym quant au chant et à l’escrime j’ai pris des cours
Art Scène Radio: En tant que championne de France de gymnastique, comment avez-vous intégré cette expérience dans votre carrière artistique ?
Alexandra Sarramona: Je fais vraiment un parallèle entre la gymnastique et le théâtre. Des jours et des mois de préparation pour arriver au jour “J” est être impeccable! Réaliser une performance sans faute. Il y a l’entraînement/ les répétitions, la compétition/ la représentation, la concentration et la visualisation du mouvement avant de commencer, la concentration et la visualisation de la pièce avant de jouer, le jury, les gens du métier ….et le Public dans les deux cas de figure…
L’équation est la même pour au final avoir tout donné dans la performance! Au moment présent! Une seule chance et faire un sans faute
Art Scène Radio: Vous avez joué dans des films, des séries télévisées et au théâtre. Pouvez-vous nous parler des différences entre ces différents médias et quel est votre préféré ?
L’adrénaline que l’on éprouve sur une scène, avant le levé de rideau et après… jusqu’au salut…tout ce protocole ou ce cérémonial du théâtre est vraiment unique et incomparable… les odeurs d’un théâtre, l’histoire du lieu…toute l’équipe technique du théâtre, nos partenaires, les loges etc… tout cela reste pour moi incomparable et unique! (encore une fois cela me renvoie à mon enfance avec le monde du sport de haut niveau) et tout devient une famille…
Malheureusement je n’ai pas eu la chance d’avoir de premiers rôles au cinéma ainsi qu’en TV c’était quelques jours… On se sent, on est de passage… pas vraiment le temps de prendre ses marques et de connaître toute l’équipe technique , les acteurs ne sont pas tous convoqués le même jour… on peut ne jamais les croiser…il faut aller vite et être opérationnel…J’espère connaître des mois de tournage sur un seul film…
Art Scène Radio: Quel a été le rôle le plus mémorable de votre carrière jusqu’à présent, et pourquoi?
Alexandra Sarramona: Au théâtre le rôle de “Lulu” inspirée du film de Bapts“ Lulu” avec Louise Brooks, la boîte de Pandore et Jack l’eventreur.. Mark Tompkins, recherchait sa “Lulu” une comédienne qui savait danser, chanter et parler anglais! J’ai vécu quelques années à Los Angeles et je venais de rentrer d’une tournée en Chine avec le Lido où j’étais meneuse de revue. L’histoire de Lulu, c’est cette danseuse de cabaret …etc…etc l’expérience avec Mark Tompkins fut extraordinaire ! Il m’a donné cette chance incroyable de pouvoir utiliser 4 cordes à mon “arc” le jeu, le chant, la danse et enfin de jouer en anglais! Et puis de plonger dans cette période du cinéma muet hollywoodien que j’adore! Retrouver des archives sur Louise Brooks, lire et relire ses bios ses interviews même filmées et avec du son! Ce que j’aime par-dessus tout sans compter bien sûr le fait de jouer, c’est comment préparer mon personnage j’aime cette période de recherche de chamboulement intérieur, toute la “digestion” du rôle … c’est passionnant et sans fin, je me surprends. Je me sens libre!!
Art Scène Radio: Vous avez doublé des personnages, y compris dans la série “The Walking Dead”. Comment abordez-vous le doublage par rapport à la performance en direct ?
Alexandra Sarramona: Le doublage est une discipline récente, j’ai toujours admiré les “doubleurs” j’ai été bercé aux voix de Roger Carel, Michel Roux etc…Plus jeune je m’amusais à repérer les acteurs qui étaient bien doublés et les autres. La technique du doublage est très codée, elle s’apprend et il faut faire ses preuves!
J’ai commencé le doublage un an avant le covid, vous imaginez la suite.. je ne peux pas rivaliser avec les ténors! Qui ont pour la plupart, plus de 30ans de carrière dans le doublage! Mais je remercie certains directeurs artistiques (DA) qui m’ont permis de travailler sur leurs plateaux après le Covid! Et qu’ils continuent à me faire confiance
Art Scène Radio: Vous avez été formée à la Technique de Meisner et à d’autres aspects de l’art dramatique. En quoi ces formations ont-elles influencé votre travail en tant qu’actrice ?
Alexandra Sarramona: Toutes les formations sont bonnes à prendre. Après j’en fais ma cuisine personnelle et elle change, elle évolue elle m’inspire ou pas, en fonction de ce que je peux ou j’ai pu traverser dans ma vie…
Art Scène Radio: En 2005, vous avez enregistré un album avec Stevie Wonder. Comment cette opportunité s’est-elle présentée, et quel était le sentiment de collaborer avec une légende de la musique ?
Alexandra Sarramona: le groupe “No Jazz” ce sont mes amis, depuis plus de 30 ans, un jour Pascal Reva, le batteur du groupe, cherchait une voix féminine latine, à poser sur la chanson “El negro Zumbon” (chanté par Silvana Mongano dans le film Riz amer) On a enregistré. Ils rentraient de Los Angeles où Stevie Wonder venait d’enregistrer un morceau pour le même album :“Have Fun” voilà comment je me suis retrouvée en featuring sur le même album que Stevie Wonder!!
Le GroupeNOJAZZ, c’est la classe
Art Scène Radio: Vous avez étudié à New York, Londres et Los Angeles. Comment ces expériences internationales ont-elles enrichi votre perspective artistique ?
Alexandra Sarramona: L’approche, la vision du métier que ce soit aux États Unis ou en Angleterre et du vrai entertainment! A partir de là, tout est dit. Il n’y a plus de cases! (Comme il y a en France). Tant mieux si tu joues, tu chantes, tu danses, tu sais marcher sur les mains!! Tout est permis et c’est le minimum ! Plus tu as de spécificités plus tu as d’atouts en main! Le réseau est plus facile à mettre en place! Il est facile de rencontrer les personnes susceptibles de te faire travailler. Après à toi de te débrouiller pour ne pas foirer! Les occasions se présentent mais à toi de ne pas les spoiler, ce qui devient frustrant lorsque tu rentres dans ton pays en France , ou les portes sont blindées et tout devient très vite compliqué, voir impossible. Bref pour mes perspectives artistiques; continuer de croire en soi. Être là, ne jamais baisser les bras, continuer de travailler encore plus dur
Art Scène Radio: Alexandra, vous incarnez actuellement le personnage de Rose Valland, une héroïne méconnue de l’histoire de l’art. Pouvez-vous nous parler de votre préparation pour ce rôle et de l’importance de raconter son histoire au public?
Alexandra Sarramona: En ce qui concerne “ROSE VALLAND” j’ai eu le texte deux jours avant mon audition. Pendant ces deux jours j’ai lu la pièce puis je me suis remise dans le contexte de l’époque en regardant et écoutant des docs et poadcast sur cette formidable héroïne et cette horrible période. J’ai lu une BD sur elle, je prenais tout ce qui pouvait me nourrir pour être au plus près d’elle le jour de l’audition. Trouver, poser sa voix, son allure sa démarche, son style, son parfum etc… Je voulais décrocher le rôle. Ce personnage est un vrai rôle de composition. J’étais prête, 2h après, Maud Lesur la metteur en scène scène m’a appelé pour m’annoncer que j’étais prise. On commence les répétitions le lendemain et la première était 15 jours après. Sur le moment, je ne me suis pas posée toutes ces questions par rapport à la transmission au public. Je savais que dorénavant et jusqu’à la première c’était 1000% ROSE! Matin midi soir et nuit. Penser, être, parler ROSE VALLAND
Art Scène Radio: Le spectacle traite de la spoliation d’œuvres d’art par les nazis pendant la Seconde Guerre mondiale. Comment percevez-vous le rôle de l’art dans des moments de conflit et d’oppression, et comment cela se reflète-t-il dans la pièce ?
Alexandra Sarramona: l’art a toujours joué un rôle important en période de conflit depuis la préhistoire avec les peintures rupestres jusqu’à nos jours, l’art illustre à la fois son pouvoir de témoigner, d’éclairer de sensibiliser de dénoncer ou de rendre hommage. La Victoire de Samothrace commémoration d’une bataille navale, et hommage à la déesse Victoire. Guernica Picasso dénonce le bombardement sur Guernica et dénonce la violence franquiste et fasciste. Rose Valland est une piqure de rappel. Pour ne jamais oublier le manque d’humanité en temps de guerre. Seuls les résistants gardent l’espoir et le sens du devoir ainsi que de l’honneur
Art Scène Radio: Le travail de Rose Valland a permis de restituer de nombreuses œuvres d’art à leurs propriétaires légitimes. En tant qu’actrice, comment ressentez-vous la responsabilité de raconter cette histoire et de perpétuer la mémoire de ces actes héroïques ?
Alexandra Sarramona: Rose Valland est une femme homosexuelle d’exception! Une héroïne, une résistante, une espionne! Une femme d’honneur et du devoir . Son amour pour l’art était sans comparaison… sa religion. C’est un cadeau extraordinaire pour une actrice de pouvoir interpréter ce genre de personnage, c’est un rôle de composition par excellence. C’est un honneur de la faire connaître et reconnaître. son travail colossal permet encore aujourd’hui plus de 40 ans après sa mort de restituer des œuvres. Avec Rose Valland nous ne sommes pas au bout de nos surprises, je l’aime tout simplement.